0.2.4.1. Les enjeux pour la recherche en sciences de gestion

Les entreprises et les organisations ne semblent pas toujours avoir les moyens de tirer profit des apports scientifiques, la recherche en sciences de gestion ayant atteint un seuil d’abstraction élevé par rapport à ce qu’elles savent et ont besoin de mettre en œuvre. Il existe une dissociation forte entre la production de la pensée et la production de l’action, ce qui pose la question de l’utilité de la science dans la société et plus particulièrement dans les domaines du management stratégique et de la gestion des ressources humaines, où les spécialistes de la pensée produisent souvent des connaissances très « intellectualisées » et abstraites. Cela peut se traduire par un manque de crédibilité des chercheurs en sciences de gestion, qui souffrent d’un manque de reconnaissance de la part des autres acteurs, et notamment les praticiens (Savall et Zardet, 1996 37 ).

Cette difficulté du lien entre la recherche et l’action, entre les chercheurs et les praticiens, est dommageable autant pour les uns, ceux qui ont produit une pensée pour peu d’utilisation, que pour les autres, ceux qui auraient besoin de structurer davantage leur pensée pour l’action. La mise en place de méthodes obtenues par un dosage équilibré entre théorie et expérimentation devrait permettre aux responsables d’exploiter la valeur ajoutée dégagée par les experts en sciences de gestion.

Cet effort de rapprochement entre théoriciens et praticiens devrait, s’il sert les praticiens, servir également les théoriciens en rendant leurs travaux plus accessibles pour les professionnels.

Les chercheurs en gestion se distinguent par leur capacité à formuler des problèmes théoriques et pratiques auxquels les praticiens sont confrontés.

Le chercheur en sciences de gestion doit concilier les intérêts théoriques et les préoccupations opérationnelles pour dépasser le débat de la recherche en gestion : l’ordre de la connaissance par la théorisation et la conceptualisation.

Les intérêts de notre recherche pour les sciences de gestion sont :

  • d’enrichir les connaissances sur les concepts et les pratiques des entreprises et des organisations en matière de temps de travail ;
  • d’identifier et d’analyser les surtemps et écarts de productivité afin de cerner les leviers d’actions capables d’améliorer leurs capacités de survie-développement ;
  • enfin, il s’agit de proposer des solutions innovantes d’un point de vue scientifique et pratique en faveur de l’amélioration de la performance socio-économique.

Notes
37.

SAVALL H. et ZARDET V., « Vers la « pensée en action » stratégique ou le non-dit dans la pensée stratégique et son traitement. Propositions pour améliorer la qualité scientifique des recherches en stratégies », Communication à la pré-conférence de l’AIMS, HEC-Montréal, septembre 1996, publié dans la Revue Gestion Internationale, 1997, 28 p., p.2.