0.3.3. la complementarite des approches qualitative et quantitative : la triangulation

Le chercheur peut employer différentes méthodes de collecte de données pour analyser une problématique. Il peut associer le qualitatif et le quantitatif par le biais de la triangulation. Il peut utiliser simultanément les deux approches pour leurs qualités respectives. « L’achèvement de construits utiles et hypothétiquement réalistes dans une science passe par l’utilisation de méthodes multiples focalisées sur le diagnostic d’un même construit à partir de points d’observation indépendants, à travers une sorte de triangulation » (Campbell et Fiske, 1959 58 ).

La triangulation a pour objectif d’améliorer à la fois la précision de la mesure et celle de la description (figure n °0-6).

Figure n°0-6 : La triangulation de la recherche
Figure n°0-6 : La triangulation de la recherche

La triangulation s’effectue à la fois dans une recherche sur le contenu et une recherche sur le processus de l’objet de recherche. « Une recherche de contenu décrit l’objet de la recherche de manière statique, tel qu’il se présente à un moment donné. C’est l’existence ou la coexistence d’un certain nombre d’éléments que les recherches sur le contenu mettent en évidence et non pas la manière dont l’objet se développe dans le temps » (Thiétart, 1999 59 ). Une recherche sur le processus décrit et analyse comment une variable évolue dans le temps. « Elle conduit ainsi à l’identification et à l’articulation d’intervalles (…) qui décrivent le comportement d’une variable dans le temps. Les recherches sur le processus peuvent avoir pour objectif de décrire ou d’expliquer l’évolution dans le temps de l’objet étudié » (Thiétart, 1999 60 ). Certains auteurs intègrent les recherches sur le contenu et sur le processus du fait de leur complémentarité (Jauch, 1983 61  ; Jemison, 1981 62 ). Notre problématique est de savoir dans quelles mesures la réduction du temps de travail engendre-t-elle des aménagements de l’organisation et une transformation des fonctionnements organisationnels sources de performances pour les entreprises.

La façon dont nous abordons cette question évolue de manière dynamique à travers l’hypothèse de recherche : l’amélioration de la performance globale d’une entreprise dépend en partie de la place accordée à la mise en œuvre d’un projet stratégique d’ARTT liant intégration du personnel, réduction des dysfonctionnements : surtemps 63 et non-productions.

Cependant, cet équilibre doit pouvoir à la fois « être apprécié dans le temps parce qu’il se construit dans le temps » (Thiétart et coll., 1999 64 ) et accorder une grande place à la compréhension du contenu (Itami et Numagrami, 1992 65 ). Nous avons choisi une approche mixte, à la fois de contenu et de processus pour élaborer notre thèse. Nous avons souhaité combiner deux approches méthodologiques différentes mais complémentaires dans une optique de « triangulation » des résultats. Nous avons mené une étude qualitative et quantitative, partant du principe que les enseignements tirés de cette double investigation ne pourraient être que plus riches et plus intéressants, tant sur le plan théorique que sur le plan pratique et managérial. Les entretiens ont fait l’objet d’une analyse de contenu thématique. Cette démarche consiste à lister les principaux thèmes abordés (dans l’analyse de contenu) lors des entretiens et de calculer la fréquence d’apparition.

Notes
58.

Campbell D.T. et Fiske D.W., « Convergent and discriminent Validation by the Multitrait-Multimethod Matrix », Psychological Bulletin, 56, 1959, pp. 81-105, p. 81.

59.

Thiétart R.A et coll. « Méthodes de recherche en management », 1999, 535 p., p.101 et 116-117.

60.

Thiétart R.A et coll. « Méthodes de recherche en management », 1999, op. cit. pp. 106-131, pp. 116-117.

61.

Jauch L. « An inventory of Selected Academic Research on Integrative Approach to Strategic Management », Advances in Strategic Management, Vol. 1, n°2, 1983, p.141-176.

62.

Jemison D. « The importance of an Integrative Approach to Strategic Management », Academy of Management, Vol. n°6, 1981, pp.601-606.

63.

Un surtemps est un composant du coût de certains dysfonctionnements constitué par le temps passé par des humains dans des régulations de dysfonctionnements. Le coût de ces régulations se calcule en multipliant la contribution horaire à la marge sur coût variable par le nombre d’heures passé en régulation.

64.

Thiétart R.A et coll. « Méthodes de recherche en management », 1999, op.cit. p. 135.

65.

Itami H. et Numagrami T. « Dynamic Interaction Between Strategy and Technology », Strategic Management Journal, 1992