1.1.1.3. La conception moderne du temps de travail

Boulin et al. (1992 ⁸² ) soulignent trois invariants qui se sont imposés à partir de la révolution industrielle au XIXème siècle et qui constituent la base de la conception moderne du temps de travail :

• la création d’une relation salariale qui valide le passage d’un travail caractérisé par la tâche à un travail mesuré par le temps ;
• l’apparition d’un travail d’exécution conditionné par un travail précis et prescrit ;
• l’enfermement des ouvriers et des employés dans un même lieu de travail ce qui autorise un contrôle précis des temps travaillés.

Ces trois éléments constituent la base du capitalisme industriel et posent la question de la réduction du temps de travail. Le temps devient un temps absorbant et structurant la vie des ouvriers. Les luttes pour la réduction du temps de travail en découleront directement (Bodiguel, 1969 ⁸³  ; Fridenson, 1992 ⁸⁴ ). Ce temps de travail de nature uniforme concerne les ouvriers de l’usine. Les heures de début et de fin de travail sont identiques pour tous. Ainsi, vont apparaître les systèmes de production et d’organisation comme le management ⁸⁵ scientifique et le taylorisme qui reposent sur une mesure et analyse très précise du temps. L’élément majeur des apports de Taylor tient à l’introduction du chronomètre et dans la subdivision du travail en phases. Il convient tout d’abord d’analyser les tâches, les gestes et les mouvements, d’effectuer un chronométrage des séquences de travail nécessaires et ensuite de fixer des temps alloués. Le bureau des méthodes aura pour mission d’étudier le travail, de concevoir les postes, de calculer les temps, d’étudier les outillages et les équipements.

Les temps des sociétés industrialisées devient un temps de contrainte et d’obligation. Le temps de travail de l’employé se trouve géré à l’intérieur de l’entreprise à l’initiative de l’employeur. C’est à travers la norme nouvelle qu’impose ce temps que les travailleurs et la société qui y est liée s’intègrent dans une nouvelle réalité productive et sociale (Gasparini, 1990 ⁸⁶ ).