1.2.1.1. Objectif d’amélioration des conditions de vie et de travail des salariés

Jusqu’à la fin des années 1970, le mouvement de réduction de la durée du travail répond avant tout et dans la plupart des pays à des objectifs d’amélioration des conditions de vie et de travail.

Le temps de travail est devenu le temps social dominant dans la vie des salariés lors de la révolution industrielle au XIXème siècle (Alis et Vidaillet, 1996 109 ).

Au XIXème siècle, comme le montrent par exemple les travaux de L.R. Villermé, de F. Engels et de K. Marx, la question de la durée du travail, en raison des conditions éprouvantes, notamment pour les enfants et les femmes, auxquelles est soumise la classe ouvrière dans la grande industrie, est primordiale (Steudler, 2001 110 ).

En luttant pour diminuer le temps très long, auquel il consacre sa force de travail en échange d’un salaire qui lui permet tout juste de survivre, le prolétaire s’efforce d’augmenter ses chances de préserver ses moyens physiques. L’organisation des ouvriers en syndicats a permis de faire émerger des revendications collectives concernant les salaires, bien sûr, mais aussi l’organisation du travail, aussi bien dans sa dimension qualitative que dans sa dimension quantitative, à savoir la durée du travail. Si celle-ci a diminué, c’est sous l’effet conjoint des progrès techniques et économiques d’un côté, des luttes sociales de l’autre.

Ainsi, en France du début du XIXème siècle à l’entre-deux guerres, le développement du salariat, la montée du syndicalisme et l’organisation taylorienne des structures productives font du temps de travail un enjeu fondamental du rapport salarial (Guedj, Vendt, 1997 111 ).

Sous la pression d’un courant hygiéniste dénonçant les conséquences médico-sociales des conditions de travail (mortalité, rachitisme, état psychologique et mental de la population ouvrière), l’Etat met en place des dispositifs réglementaires. Ainsi, la législation réglementant peu à peu la durée du travail se développe jusqu’à l’après-guerre afin d’améliorer les conditions de travail d’une population en souffrance.

Jusqu’au début des années 1980, la réduction du temps de travail résulte essentiellement du mouvement social. A partir de 1967-1968, les syndicats français mettent l’accent sur des revendications qualitatives centrées sur la conquête du temps libre.

Durant les années 1960 et 1970, les pays européens connaissent une RTT sous tendue par un taux de croissance élevé ainsi que par une mobilisation du mouvement syndical autour de l’amélioration des conditions de vie au travail et hors du travail.

A cette problématique de réduction du temps de travail, motivée par les revendications syndicales depuis l’industrialisation, s’est progressivement substituée à la fin des années 1970 celle du partage du travail, sous tendus de contradiction du chômage qui avait considérablement augmenté dans les pays de la CEE.

Notes
109.

ALIS D ; et VIDAILLET B. « Aménagement du temps de travail. Au service de l’emploi et de la compétitivité », A.N.D.C.P. Personnel, n°366, janvier 1996, pp.47-49.

110.

STEUDLER F. « Aspects socio-historiques de la réduction du temps de travail » CONGRES « 35 HEURES : COUP DE PIED, COUP DE POUCE? » ANFH Lorraine - GREFIGE IAE - Université Nancy 2, 18 et 19 avril 2001 – NANCY, p.13.

111.

GUEDJ F. et VINDT G., « Le temps de travail une histoire conflictuelle », Syros, Paris, op.cit.