1.4.2.3. Le rôle des partenaires syndicaux

Le partenaire syndical voit s'ouvrir avec la RTT un large champ de négociations où peuvent s'inventer des solutions conjuguant rythmes de travail, rémunération, formation, prévision des emplois et des compétences. L’action syndicale est traditionnellement ancrée dans un mouvement de revendications autour de la RTT. Pour exposer les positions des principaux syndicats nous nous référons principalement aux travaux de Schawmberger (1999 ¹⁶⁶ ) qui réalise une synthèse à partir des travaux de Freyssinet (1997 ¹⁶⁷ ) notamment.

• Pour la CFDT, la problématique de la RTT est « une revendication de longue date » (Masson, 1997) et est devenue un enjeu central à la fois dans une logique de partage du travail et de recomposition de l’action syndicale. La CFDT est très mobilisée autour du thème de la réduction du temps de travail, avec notamment des objectifs de réduction de la durée légale à 35 heures dans un premier temps, puis 32 heures, en privilégiant l’annualisation ou la semaine de quatre jours. La CFDT est prête à accepter des formes de flexibilité et de modération salariale sous condition qu’elles permettent l’amélioration des conditions de travail et n’affectent pas le pouvoir d’achat des plus bas salaires.
• La CFTC s’est engagée sur le thème de la RTT avec la volonté de préserver la législation du travail en faveur de l’équilibre de la vie familiale. Elle s’oppose à toute modification sur les limitations du travail de nuit pour les femmes ou le repos dominical. La CFDT envisage des formes de modérations salariales pour accompagner la mise en œuvre de la réduction du temps de travail.
• La CGT donne la priorité aux conditions d’emploi, de travail et de rémunération. La CGT s’oppose aux modalités d’aménagement du temps de travail qui s’inscrivent dans une dérégulation des rythmes temporels des salariés, c’est-à-dire les formes de flexibilité de l’organisation du travail. La CGT privilégie le rôle central de l’Etat plutôt que la négociation décentralisée. La CGT refuse de signer les accords d’aménagement du temps de travail ou les dénonce de manière répétée.
• FO met également l’accent sur le rôle central de l’Etat en matière de réglementation du travail, et revendique la diminution de la durée légale de travail à 35 heures par une loi « autoritaire ». Elle convient que la mise en œuvre doit être progressive et harmonisée au niveau de l’Europe. Cependant, FO, a adopté une attitude beaucoup plus ouverte en matière de négociation collective.
• La CFE-CGC un peu en retrait par rapport au thème de la réduction du temps de travail, néanmoins elle considère les impératifs de compétitivité et la nécessité de réorganiser les processus de travail en fonction des cycles d’activité. En ce sens, ce syndicat, est le seul, à avoir inscrit le dispositif d’annualisation dans ses revendications en matière de temps de travail. Il promeut des formules de compte-épargne-temps et propose de prendre en compte le temps de formation continue comme contrepartie à la RTT.
• Le patronat est « normalement » hostile à la RTT (Taddéi, 1998 ¹⁶⁸ ). Selon Bertrand (1997 ¹⁶⁹ ), le patronat est opposé à la réduction du temps de travail pour trois raisons :
• Tout d’abord par principe, parce qu’il y voit un encouragement dangereux à l’esprit de paresse et de défense de droits formels contraires à l’indispensable promotion de l’esprit de labeur, de dévouement et de devoir.
• Ensuite, par calcul, parce qu’il perçoit la réduction du temps de travail comme une amputation directe et coûteuse de la contribution productive de salariés, qui augmente en principe avec le temps de présence au travail.
• Enfin, par stratégie, parce que de nombreuses entreprises s’efforcent de passer d’une contribution salariale (évaluer en temps et en qualifications requises) à une contribution jugée sur les résultats et sur les compétences permettant d’atteindre ces résultats, dans le cadre d’une autonomie accrue, donc d’une responsabilité et d’un engagement personnel accrues, amenant l’individu à ne pas compter son temps.