2.1.6. l’analyse socio-économique

Savall est à l’origine d’une analyse 202 appelée « socio-économique ». Les premiers éléments de conceptualisation de cette analyse sont apparus dès 1974 203 . Ce courant remet en cause le concept socio-technique d’optimisation pour lui substituer le concept d’efficience. Autrement dit, il passe d’une notion de maximisation des ressources à celle de la mise en relation des moyens et des résultats souhaités. En outre, il ouvre la vision technique du travail à la dimension économique de l’organisation. L’analyse socio-économique se propose d’améliorer l’efficience socio-économique de l’entreprise en définissant le domaine de la compatibilité des objectifs économiques et sociaux par une recherche à caractère expérimental dénommée recherche-intervention. Pour cet auteur, « la relation dialectique entre la quête de l'efficacité et de l'efficience économique (créer de la valeur ajoutée financièrement mesurable) et la quête de l'efficacité et de l'efficience sociale (accroître la satisfaction des besoins de confort et de développement des personnes actives dans l'entreprise) crée un mouvement perpétuel vital accentué de tensions puis d'ajustements mutuels, générateurs de valeurs, selon le cas » (Savall, 1974 204 ). L’analyse socio-économique se caractérise par l’importance accordée dans les choix stratégiques à la valorisation et au développement des ressources propres de l’entreprise. Le potentiel humain prend un rôle clé dans son analyse. Ainsi, tout individu de l’organisation peut être considéré comme un stratège potentiel, car il est doté d’un projet personnel plus ou moins conscient et parce qu’il contribue plus ou moins à réaliser "activement" les projets et actions stratégiques de l’entreprise.

Les matériaux de nos expérimentations reposent sur la méthodologie de l’ingénierie du management développée par l’équipe de l’ISEOR. Nous travaux s’inscrivent dans la lignée de l’analyse socio-économique en proposant un processus expérimental d’ingénierie du management de l’ARTT qui permet d’atteindre le fonctionnement souhaité en répondant à la fois à des exigences sociales (valorisation des ressources humaines, du potentiel humain, implication, cohésion), à des exigences économiques (valorisation des ressources techniques, proactivité), ainsi, qu’à la conjonction des exigences socio-économiques.

Notes
202.

Dans le corps du texte de la thèse, le lecteur peut trouver les notions « d’analyse socio-économique », de « démarche socio-économique », de « théorie socio-économique ». Ces notions sont utiliser pour désigner le courant développé par H. Savall en 1974 avec son équipe de recherche. Dans le texte, elles seront employées indifféremment pour désigner l’ensemble des concepts véhiculé par ce courant.

203.

SAVALL H., « Enrichir le travail humain : l’évaluation économique », op.cit., 1975, 229 p.

204.

Ibid.