3.1.2.2. Le management

Nous avons jugé utile de positionner le concept de management par rapport à la littérature en sciences sociales. Le concept de management, particulièrement central dans notre thèse, fait l’objet d’un grand nombre d’acceptions. La divergence relative de ces multiples définitions données au concept mérite, un positionnement de notre part vis-à-vis de la multitude des significations accordées au concept.

Il existe des origines diverses données au management : l’origine anglo-saxone et l’origine française « ménagement », qui signifie « disposer, régler avec soin et adresse » (Thiétart, 1980 311 ). Une définition plus ancienne du management qui trouverait son origine dans « manéger » ou « manègement » et qui signifierait « dresser » et par extension « conduire, diriger, guider habilement » (Lambert, 1968 312 ).

Thiétart (1980 313 ) propose de voir le management comme une "action ou art ou manière de conduire une organisation, de la diriger, de planifier son développement, de la contrôler, " qui " s'applique à tous les domaines". Savall (1974-1975 314 ), aborde le concept sous l'angle d'un "objet scientifique" qui "vise à construire et reconstruire périodiquement et inlassablement une zone de consensus opératoire pour produire" (…). La définition de Thiétart a l'avantage d'invoquer l'aspect immatériel du management en qualifiant d'art, de montrer la dimension volontariste ("conduire", "diriger", "contrôler") et transdisciplinaire de l'acte de manager ; la seconde ajoute un caractère dynamique et une vocation consensuelle au management.

Cette conception du management en tant qu’art n’est pas compatible avec une appellation de la discipline sciences de gestion. Martory (1987 315 ) et Lassègue (1987 316 ) insistent sur le fait que la gestion (ou le management) est à la fois scientifique dans ses fondements et appliquée par sa raison d’être.

Crozier (1985 317 ) définit également le management comme « un art ». « Il repose (…) sur des connaissances de plus en plus précises à caractère scientifique, mais il reste néanmoins un art dans la mesure où il consiste avant tout à gérer un quotidien tissé de contradictions et à anticiper une évolution de plus en plus accélérée qui élimine nombre de ces contradictions, mais en crée constamment de nouvelles ».

Savall et Zardet (1995 318 ) définissent le management comme les « moyens mis en œuvre auprès des acteurs internes (individus et entités) pour maîtriser l’interaction entre structures et comportements au service d’un certain niveau de performance socio-économique recherché par l’entreprise. »

Le management reste très souvent attaché à la stratégie, et la plupart des auteurs définissent le management dans son acception de management stratégique.

Notes
311.

Thiétart A., « Le management », Presses Universitaires de France, Coll. « Que sais-je ? », PUF 1980, 128 p.

312.

Lambert P. « Ménager ou les cinq secrets du développement », Cercle du Livre Economique, 1968, 154p.

313.

THIETART R-A, « le management », op.cit., 1980, 128 p.

314.

SAVALL H. « Enrichir le travail humain : l’évaluation économique », Editions Dunod, 1975, nouvelle édition augmentée, Economica, 1989, 269 p.

315.

Martory B. « Je suis donc je gère », Les cahiers français, n°233, octobre-décembre 1987, pp.2-3

316.

Lassègue P. « Qu’est-ce que la gestion ? », Les cahiers français, n°233, octobre-décembre 1987, p.3-4

317.

CROZIER M. « Le problème du management public face à la transformation de l’environnement », in Politiques et Management public, Volume 3, n°1, Mars 1985, 16 p., p. 2

318.

Savall H. et Zardet V. « Ingénierie stratégique du roseau », 1995, p. 500