4.1.1.3. Stratégie proactive gage de compétitivité et d’apprentissage permanent

S’inspirant des travaux de Savall (1975 à 1977) puis de Savall et Martinet (1978 à 1980), Martinet (1988 457 ) définit la compétitivité durable comme le développement de la création de potentiel de performances qui passe par des investissements en recherche et développement, en acquisition de ressources humaines, technologiques, en lancement de nouveaux produits, en réorganisation… Ces investissements constituent un ensemble de capacités permettant à l’entreprise d’envisager les résultats qu’elle souhaite et l’exploitation efficiente de ses capacités suppose une gestion quotidienne des activités, tendue vers la réalisation de ces résultats. Le concept de stratégies de compétitivité, après avoir été longtemps fondé sur la maîtrise des coûts, est aujourd’hui articulé (associé) au concept de création de valeur.

Nous posons comme hypothèse que la souplesse interne et externe voire la plasticité organisationnelle de l’entreprise, sa facilité d’adaptation et de modification de ses structures, et de ses comportements dans une vision à moyen terme, ainsi que son degré de proactivité, fondé principalement sur ses ressources humaines et leur capacité d'innovation produit-marché-technologie-organisation constituent des facteurs déterminants de compétitivité et de réussite de l’ARTT.

Une entreprise qui adopte une stratégie proactive optimise ses ressources pour se doter des moyens qui lui permettront de provoquer et de conduire un changement gage de performances.

Les travaux sur le changement, à caractère volontariste, accordent d’emblée une place importante à l’apprentissage dans la mesure où ils s’interrogent sur le rôle des décideurs du changement, mais aussi sur le processus global d’évolution qui va de la création d’un besoin de changement jusqu’à sa mise en œuvre dans son contexte (Savall, 1974-1975 458 ). Ce processus est ponctué de phases de changements et de phases de stabilités (même relatives) qui représentent des situations de compréhension des mécanismes de changement ex ante et ex post. Ce sont des phases de « digestion » et de connaissance des changements. On s’aperçoit que ces modèles, tout en privilégiant la place du décideur, élargissent leur champ d’analyse à l’organisation et son environnement.

Une entreprise qui adopte une stratégie proactive génère les ressources nécessaires pour se doter des moyens qui lui permettront de provoquer et de conduire un changement gage de performances.

Ainsi, l’entreprise qui pilote une stratégie proactive dans le cadre d’une démarche d’ARTT acquiert un savoir-faire particulier, au travers d’un processus d’apprentissage organisationnel structuré et instrumenté qui consiste à convertir chemin faisant, ses coûts cachés en investissement immatériel, source de stimulation de la compétitivité de l’innovation et de la création d’emplois. Le degré de proactivité de la stratégie d'une organisation dépend du degré d'intégration globale.

Notes
457.

Martinet A.,-C., « Les discours sur la stratégie », Revue Française de Gestion, n°67, janvier-février 1988, pp.49-60

458.

Ibid., 1974-1975, 269 p.