Dès lors, comment comprendre cette faculté surprenante dont font preuve les organismes vivants en s’adaptant ainsi à des multiples situations, capacité que E. Morin (1980 463 ) résume par la notion de plasticité organisationnelle ?
La notion de plasticité est à rapprocher à la remarquable « Théories des unités actives » de F. Perroux (1973-1974 464 ). Selon, l’auteur, « une unité est dite active si, par son action propre et dans son intérêt propre, elle est capable de modifier son environnement, c’est-à-dire le comportement des unités avec lesquelles elle est en relation. Elle est couplée avec son environnement, plastique sous l’effet de son action (…). Elle adapte son environnement à son programme, au lieu d’adapter son programme à son environnement. »
Le neurobiologiste J. Paillard (1976 465 ) a réfléchi sur l’usage du concept de plasticité dans sa discipline pour décrire, in fine, les capacités d’adaptation d’un système (en l’occurrence le cerveau). Il montre que la notion de plasticité se conçoit en référence à une situation de stabilité : « le changement « plastique » intervenu dans la structure concernée traduira le passage d’un état initial de stabilité à un état final de stabilité, distinguable de l’état initial. ».
Selon Alcaras et Lacroux (1999 466 ), la notion de stabilité peut être comprise de diverses manières :
MORIN E. « La méthode. La vie de la vie », Tome 2, Edition Seuil, 1980, 472 p.
Perroux F., « Pouvoir et économie », « Etudes économiques » 2, Dunod, 1ère édition, 1973, 140 p., 2ème édition, 1974, 139 p., p. 99
Paillard J., « Réflexions sur l’usage du concept de plasticité en neurobiologie », Journal psychologique, n°1, janvier-mars 1976, p.39
ALCARAS J.-R. et LACROUX F. « Planifier, c’est s’adapter », in Economies et Sociétés, Sciences de Gestion, Série S.G., n°26-27, 6-7/1999, pp.7-37, p.18