5.1.2.1. La construction du modèle d’analyse socio-économique

La première étape de recherche dans le domaine de l’analyse socio-économique a été menée de manière individuelle par H. Savall en 1974 et développait deux axes :

  • le premier préconisait des stratégies de changement innovant s’appuyant sur le développement du potentiel humain et recherchant l’amélioration de la qualité et de l’efficacité dans l’entreprise : il s’agit du concept d’analyse socio-économique ;
  • le second proposait une méthode et des outils pour rénover le calcul économique de l’entreprise : il s’agit du concept de coûts-performances cachés.

Afin d’enrichir et d’accélérer ces travaux de recherche-expérimentation, H. Savall a créé en 1976 l’équipe de recherche ISEOR : Institut de Socio-Economie des Entreprises et des Organisations.

La première génération de travaux de l’équipe a eu pour objectif de démontrer qu’il est possible de détecter les dysfonctionnements et de calculer les coûts cachés dans les entreprises et les organisations. Cette étape s’est concrétisée par la conceptualisation de l’origine des dysfonctionnements et des coûts cachés : l’interaction entre les structures et la comportements humains dans l’entreprise. Ces travaux ont donné naissance à une méthode de diagnostic d’entreprise.

A partir de 1978, la deuxième génération de travaux porte sur les stratégies de changement innovant, notamment la qualité du potentiel en termes d’adéquation entre la formation et l’emploi. L’enjeu de ces travaux est de montrer qu’il est possible et préférable de conduire des stratégies actives de développement du potentiel humain, qui constitue une performance sociale ayant la propriété d’accroître la performance de l’organisation par la réduction des coûts cachés que ces stratégies engendrent. Cette méthode d’intervention a d’abord été appliquée à des « parties » d’entreprises.

La troisième génération de travaux, a débuté à partir de 1982 sur la conduite efficace de processus de généralisation. Une action-pilote dans la totalité d’une entreprise a été menée, donnant naissance à la construction d’une méthode d’intervention opérationnelle couplant une action horizontale et une action verticale.

La quatrième génération concerne des travaux dans le domaine de l’ingénierie stratégique, consistant à formaliser les méthodes et les outils de management implantés jusque-là dans les actions-pilotes et désormais conçus pour fonctionner de manière permanente. L’objectif scientifique de l’équipe de recherche durant cette période est d’assurer que les effets enregistrés, aussi bien en termes de performances sociales que de performances économiques, en première phase d’implantation du management socio-économique dans l’entreprise durent de nombreuses années, et d’identifier les conditions de la durabilité des performances.

A partir de la cinquième génération (1987), les travaux entrepris visent à appliquer les méthodes, les concepts et les outils socio-économiques à des espaces plus larges que celui de l’entreprise. C’est ainsi que se sont développés des axes de recherches sur l’évaluation et la conduite des actions publiques (insertion des jeunes, l’illettrisme), la qualité, l’aménagement et la réduction du temps de travail, la veille stratégique, les nouvelles technologies…L’objectif est également de tester les concepts et les outils de la méthode socio-économique dans des entreprises et des organisations étrangères. Plusieurs interventions dans tous types d’organisations (entreprises industrielles et commerciales, organismes de formation professionnelle et universités…) ont été réalisées dans plusieurs pays européens (Belgique, Suisse, Portugal), mais également d’Amérique (Mexique, Colombie), ainsi qu’au Maghreb. Cet axe de recherche « international » vise à tester la pertinence de cette méthode dans des contextes culturels réputés différents.