Conclusion du chapitre 6

Ce chapitre nous a montré l’intérêt de l’évaluation des coûts-performances cachés pour la mise en place de l’ARTT dans les entreprises et les organisations. Les actions sur les coûts cachés reviennent à rechercher les alternatives préférables dans l’utilisation des ressources humaines, organisationnelles et stratégiques. Après une présentation de l’analyse statistique de notre base expérimentale, nous mettons en évidence les résultats issus du diagnostic global regroupant les terrains de notre base expérimentale avant la mise en œuvre de l’ARTT et les résultats de l’enquête par questionnaire. Ce résultats révèlent des difficultés d’organisation du travail, de pilotage stratégique des activités et des hommes, d’adhésion à la stratégie par les acteurs, de communication entre toutes les catégories de personnel sur les axes stratégiques et une remise en cause de certaines orientations stratégiques.

Les conditions de vie au travail et le climat social sont amoindris du fait de diverses nuisances, des horaires, de conditions physiques et de l’ambiance de travail. L’organisation du travail laisse apparaître un manque de définition et une mauvaise répartition des missions, des tâches, des rôles et des responsabilités. Le domaine de la planification, programmation et des délais montre un manque de respect des délais, de planification et de programmation des activités, des tâches mal assumées et une gestion des priorités et des urgences mal maîtrisées. La régulation de l’absentéisme est mal organisée, les acteurs subissent des surcharges de travail. Les résultats mettent en évidence des faiblesses en ce qui concerne les enjeux et les orientations stratégiques, la démultiplication de la stratégie et l’organisation de la mise en œuvre. Les moyens et les ressources humaines et matérielles de la mise en œuvre stratégique sont remis en cause. Les flux d’informations se caractérisent par une insuffisance de communication, un manque de concertation, de coordination et de coopération, des carences dans la transmission des informations. Les règles, les procédures et les modes opératoires sont non formalisés, inadaptés ou encore non actualisés. Le manque d’outils de pilotage stratégique est une carence importante. La gestion du personnel se caractérise par des difficultés de recrutement, un manque de personnels qualifiés et des effectifs insuffisants. Les entreprises souffrent d’un manque d’implication, d’intérêt au travail, une démotivation du personnel et des résistances au changement. Enfin, le rôle de management de l’encadrement est inadapté. L’encadrement se focalise sur des activités quotidiennes de gestion courante au détriment d’activités à plus forte valeur ajoutée.

Après cette analyse détaillée des dysfonctionnements, nous présentons une synthèse de l’évaluation économique des dysfonctionnements de notre base expérimentale avant la mise en œuvre de l’ARTT par indicateur et par composant. L’évaluation des coûts-performances cachés permet de détecter les gisements de potentiel de performance inexploités par l’entreprise. Ce sont des ressources que l’entreprise peut récupérer si elle réduit ses dysfonctionnements. La mise en place de l’ARTT par des actions sur les coûts cachés revient donc à rechercher des alternatives préférables dans l’utilisation des ressources humaines, organisationnelles et stratégiques. Nous terminons ce chapitre par une présentation de quelques résultats de l’enquête sur les pratiques stratégiques des dirigeants et des cadres concernant la réduction du temps de travail. Nous analysons précisément dans cette section, les motivations et les déterminants de l’attitude des responsables d’entreprise face à l’ARTT. L’enquête met en évidence deux familles de facteurs pouvant influencer la décision des employeurs : celui qui tient à la structure de l’entreprise et celui qui tient à sa position sur son marché et dans son environnement. Enfin, nous avons observé que trois types de logiques président la décision de l’entreprise d’engager une démarche d’ARTT : les logiques d’organisation et de flexibilité, les logiques d’emplois et les logiques sociales.