7.2.2.2. Rôle clé des investissements immatériels

Les investissements immatériels sont nécessaires, quel que soit le domaine dans lequel ils sont effectuées : formation, équipements, système d’information et de décision, etc. La montée des exigences de compétitivité, l’accroissement de la complexité et les changements vécus par les organisations expliquent un accroissement de l’immatériel. Pérez (1988 626 ) considère que les investissements doivent s’accompagner d’investissements immatériels qui les rendront faciles d’utilisation. Cet auteur montre à partir d’études de cas que la complexité des investissements matériels s’accompagne de plus en plus d’investissements immatériels, par exemple dans le domaine de l’adaptation et du perfectionnement des équipements. Il précise que « quelle que soit la solution technique future, il convient tout d’abord de rationaliser l’organisation actuelle, d’améliorer le système d’information, de faire un effort sur la qualité et surtout de préparer des esprits aux changements souhaitables par des actions de formation et d’innovation sociale. » Dans la même lignée, Urban et Vendimini (1994 627 ) montrent que l’investissement immatériel est désormais une nécessité du fait des mutations de l’environnement économique, notamment lorsqu’il est lié aux systèmes d’information et de décision.

Depuis le début de années 80, l’intérêt des entreprises pour la gestion de l’immatériel est croissant. En 1982, le Commissariat Général du Plan a incité les entreprises françaises à développer leurs investissements incorporels. En 1986, il qualifiait ces investissements d’enjeu national qui devaient être pris en compte par tous les membres des entreprises, dans une vision de partage du progrès 628 .

Progressivement, les entreprises et les organisations ont pris conscience du rôle important que jouent les investissements immatériels dans l’atteinte des résultats attendus des investissements matériels. Les ressources intangibles mises en œuvre, parfois en quantité équivalente aux ressources tangibles, sont maintenant valorisées au même titre que les performances des équipements et matériels en tous genres. L’accroissement de l’immatériel s’explique également par la montée des exigences de compétitivité et les bouleversements de l’environnement externe des organisations. La capacité de survie-développement dépend de l’importance accordée aux investissements immatériels capables de faire évoluer et faire progresser l’organisation afin de la maintenir dans une dynamique de perfectionnement permanent. Les investissements immatériels contribuent donc à augmenter la productivité, mais ils permettent surtout d’atteindre les objectifs fixés par l’organisation (transmission des informations, réactivité, proactivité, anticipation, prise de décision), c’est-à-dire, selon Weisz (1987 629 ), d’accroître l’efficacité organisationnelle.

La place de l’immatériel dans l’organisation a un rôle clé étant donné les enjeux qu’elle représente pour la survie-développement et la performance des organisations. Cependant, la comptabilité française ne permet pas de comptabiliser les investissements immatériels en tant que tels, alors qu’il est nécessaire de les considérer et de les évaluer, compte tenu de leur rôle majeur dans l’atteinte de certains résultats et performances.

Notes
626.

PEREZ R., « Cas et solutions de stratégie », Chotard, 1988, 183 p., pp. 125-130.

627.

Urban S. et Vendimini S., « Alliances stratégiques européennes », De Boeck Université, 1994, 254 p.

628.

CASPAR P. et AFRIAT C., « L’investissement intellectuel - essai sur l’économie de l’immatériel », op.cit., p. 18

629.

WEISZ R., « Efficacité du travail : fausses pistes et vrais enjeux », Revue Française de Gestion, mars-avril-mai 1987, cité par ALTER N., « La gestion du désordre », p.34