8.1.2. l’ingenierie stratégique et le management stratégique de l’ARTT

L’ingénierie est un processus de conception, de construction, de mise en œuvre et d’évaluation qui vise à améliorer l’élaboration de ces différentes phases pour améliorer le processus tout entier. Dans cette optique, Savall et Zardet (1995 690 ) définissent l’ingénierie stratégique du management comme « l’ensemble des concepts, méthodes, outils et techniques de conduite des processus humains, permettant d’améliorer la pertinence, l’efficience et l’efficacité de la stratégie d’une organisation ».

L’ingénierie stratégique du management recouvre la conception et la conduite, selon les principes scientifiques, de processus d’implantation et de maintenance de systèmes de management.

Nous considérons qu’il peut exister des systèmes de management plus innovants que d’autres. Ces systèmes possèdent la faculté de s’adapter, et de réagir (Lawrence et Lorsch 1967 691 ) face à des environnements mouvants. Ce sont ceux qui fécondent en leur sein les germes du changement (March 1991 692 ). Ils ont les moyens de comprendre et d’agir sur leur organisation quel que soit l’instrumentation utilisée (Thiétart, 1987 693 ). Ces systèmes développent l’apprentissage organisationnel (Argyris et Schön 1978 694  ; Midler et Charrue 1990 695 ). Cela leur permet d’évoluer de façon réfléchie en fonction de leurs environnements à la fois internes et externes (Savall, 1979 696 ). Ainsi, ils vont volontairement (Fayol, 1976 697 ) à l’encontre de la routine organisationnelle (Argyris, 1985 698 ) qui tend à ralentir, voire à paralyser le fonctionnement des entreprises en créant des jeux de pouvoirs conservateurs (Crozier et Friedberg, 1977 699  ; Sainsaulieu, 1977 700  ; Jameux, 1980 701 ).

L’ingénierie du management stratégique de l’ARTT développe ainsi des processus très heuristiques, interactifs et itératifs, tant dans ses phases de réflexion que de réalisations stratégiques.

L'ingénierie du management stratégique de l'ARTT accompagne une décision de changement organisationnel en augmentant la connaissance et l'instrumentation des leviers du changement. Cela développe la proactivité et l'adaptabilité organisationnelles des entreprises face à des contingences économiques et sociales qui les exigent.

L'ingénierie du management stratégique de l'ARTT est un système de pilotage de la conception, de la construction, de la mise en œuvre et de l’évaluation des potentiels humains permettant d’améliorer la performance globale des systèmes de management.

La figure 8-2 schématise l’ingénierie du management stratégique de l’ARTT.

Figure 8-2 : L’ingénierie du management stratégique de l’ARTT
Figure 8-2 : L’ingénierie du management stratégique de l’ARTT

L’ingénierie du management stratégique de l’ARTT est l’œuvre de mécanismes organisés, réfléchis, qui vise à l’émergence d’un phénomène (la motivation des acteurs, par exemple, ou la rentabilité d’un investissement immatériel) ou d’un produit (un outil de pilotage par exemple). L’objectif est de permettre aux entreprises de réfléchir et d’agir sur leur fonctionnement de façon pertinente.

L'instrumentation de la mise en œuvre de l'ARTT permet d'accroître la maîtrise par l'entreprise des opérations de changements organisationnels. Il ne s'agit plus de subir les transformations au gré des événements, mais d'anticiper et de mettre en œuvre des opérations réfléchie permettant d'aller sans cesse vers un orthofonctionnement (le fonctionnement souhaité).

Notes
690.

Ibid., p. 499

691.

LORSCH J.-W. « Introduction à l’étude de la structure des organisations », résumé de la thèse développé par LAWRENCE P.-R et LORSCH J.-W, « Adapter les structures de l’entreprise », traduction aux Editions d’Organisation, 1967, 1973, 202 p., in Encyclopédie du Management, 13 p.

692.

MARCH J.-G., « Exploration and exploitation in Organizational Learning », Organizational Science, Vol. 2, n°1, février 1991, pp. 71-87.

693.

THIETART R-A, « La stratégie d’entreprise », Mc. Graw Hill, col. Stratégie et Management, 1967, 185 p.

694.

ARGYRIS C. et Schön, « Organizational Learning : a theory of Action Perspective », Addison-Wesley, 1978, 450 p.

695.

Midler C. et Charrue F., « A pprentissage organisationnel et maîtrise des technologies nouvelles », Revue française de gestion, 1994, pp. 84-91.

696.

SAVALL H., « Reconstruire l’entreprise. Analyse socio-économique des conditions de travail », Préface de F. Perroux, Editions Dunod, 1979, 275 p.

697.

FAYOL, in SCHEID J-C., « Les grands auteurs en organisation », 1990, pp. 76-81

698.

ARGYRIS C., « Savoir pour agir », traduit par Loudière G. de « Knowledge for action », 1993, InterEditions, 1995, 315 p. Voir aussi les travaux précédents de Argyris, notamment « Stratégy change and defensive routines », Ballinger, 1985.

699.

CROZIER M., FRIEDBERG E. « L’acteur et le système », Collection Politique, Points, Editions du seuil, 1977, 478 p.

700.

SAINSAULIEU R., « L’identité au travail », Presse de la fondation nationale des sciences politiques, 1977, in BERNARD A., « Bibliographie : planification et gestion des entreprises, les apports des sciences des organisations », Enseignement et Gestion, n°7, 1985, pp. 147-174.

701.

JAMEUX C., « Organisation du pouvoir et pouvoir de organisations », Références thèse d’Etat, 1980, Collection Economies et sociétés, Revue Sciences de gestion, n°7, 1985, pp. 147-174.