8.2.1.2. Les notions de contrôle et d’évaluation

Le contrôle se caractérise par la recherche de conformité d’un objet, d’un phénomène. Selon Couix (1997 703 ), les procédures de contrôle, quel que soit leur domaine d’application, consistent essentiellement à vérifier la conformité d’un phénomène, d’un objet, à une norme, une référence. Le contrôle dans son acceptation traditionnelle signifie en gestion le fait de s’assurer que les tâches soient réalisées dans le cadre des diverses planifications initiées depuis la direction. Evaluer trouve son étymologie dans avaluer (1283), de l’ancien français value, et signifie porter un jugement de valeur. A la différence du contrôle, l’évaluation ne consiste pas à considérer un objet ou un phénomène par rapport à un référentiel, à une norme pré-établie : elle s’inscrit plus dans une construction de l’appréciation du phénomène (porter un jugement de valeur).

Pour Bouvier (1994 704 ), l’évaluation permet la recherche du sens de l’action, la préparation des décisions stratégiques, la structuration du travail collectif des acteurs et pour ceux-ci, l’acquisition de compétences nouvelles.

Bouquin (1997 705 ) fait de l’évaluation et du contrôle deux instruments complémentaires. Selon, cet auteur, la finalisation, le pilotage et la post-évaluation, sont indispensables, quel que soit l’objet du contrôle car « il faut être capable de mener à bien un processus qui avant l’action l’oriente, en cours d’action l’ajuste, et qui une fois l’action faite, en évalue la performance pour en tirer les leçons utiles ». La finalisation représente la définition des objectifs à atteindre, le pilotage permet de mettre en œuvre des actions correctrices en fonction du constat d’un écart entre un objectif fixé et un résultat inadéquat constaté. Enfin, la post-évaluation mesure les résultats du contrôle et donc, la performance des éléments qui le composent.

Les concepts de contrôle et d’évaluation rejoignent ainsi celui du management tel qu’il est défini par Morin (1997). Selon lui, le rôle de management est d’assurer « la convergence de tous les instants entre le fonctionnement réel et le fonctionnement désiré, entre le normatif et la réalité observée ».

Les définitions qui permettent de différencier contrôle et évaluation se sont pas claires. Selon, Couix (1997), l’évaluation a pour objectif d’interpréter des données, des actions, des faits…alors que le contrôle est destiné à mesurer des résultats (Bouvier 1994). Selon nous, ces définition ne s’opposent pas. Si certains disent que le contrôle est davantage quantitatif et s’opère sur des résultats, alors que l’évaluation est plus qualitative et porte davantage sur les effets, nous pouvons suggérer de recourir au concept d’évaluation-contrôle. Ce concept rejoint la définition socio-économique de l’évaluation, qui nécessite simultanément l’analyse et la mesure de résultats qualitatifs, quantitatifs et financiers (Savall, 1986 706 ). Certes, le contrôle mesure les résultats, mais leur pertinence est fondée lorsque le processus est lui-même évalué.

Notes
703.

Couix N., « Evaluation « chemin faisant » et mise en acte d’une stratégie tâtonnante », ouvrage collectif coordonné par AVENIER M.-J., « La stratégie « chemin faisant », 1997, pp. 165-187, p. 165.

704.

BOUVIER A., « Management et projet », Op.cit., 1994, 272 p.

705.

BOUQUIN H., « Comptabilité de gestion », Editions Sirey, 2ème édition, 1997, 580 p., pp. 19-23.

706.

SAVALL H., « Contrôle et qualité des informations qualitatives, quantitatives et financières extraites des acteurs au sein des organisations », Actes du Colloque de l’ISEOR-FNEGE, Qualité des informations scientifiques en gestion. Méthodologies fondamentales en gestion, 1986, pp. 206-283.