CHAPITRE 1
La théorie du chunking

La première question qui a accaparé les chercheurs est celle de la capacité de la mémoire révélée dans les protocoles de rappel. La théorie de Miller (1957) sur les limites de la mémoire à court terme, symbolisée par le nombre 7 ± 2 items pouvant être stockés, se heurtait aux constatations expérimentales qui voyaient des sujets rappeler des dizaines d’items encodés successivement dans des conditions d’exposition brève. L’intuition, autant que la connaissance des travaux sur les moyens mnémoniques mis au point et rapportés depuis l’Antiquité, a conduit les chercheurs à postuler que les performances étaient vraisemblablement liées aux méthodes de regroupement du matériel à rappeler. Appliquée à l’étude du rappel chez les joueurs d’échecs, est née la théorie du chunking, c’est-à-dire de la constitution de sous-ensembles en vue de la mémorisation, théorie qui reste à ce jour la plus pertinente pour rendre compte de ce phénomène, après avoir été affinée, notamment s’agissant des conditions de sa mise en oeuvre et des processus cognitifs mobilisés.