Modèle de mémoire vs modèle de perception

Un premier ensemble de travaux est venu affaiblir ce modèle à dominante perceptive. Des expériences incluant des tâches interférentes entre le moment où la position est exposée durant 5 secondes et le rappel n’ont pas conduit à un taux de rappel inférieur, ce qui semblait indiquer que la mémoire à court terme n’était pas en cause lors de l’encodage de la position (Frey & Adesman, 1976). Un tel résultat ne pouvait s’expliquer que par le fait que, lors de l’exposition de la position, les chunks activaient immédiatement dans la mémoire à long terme des patterns ayant un sens. Cette interprétation de l’excellence du rappel par activation de la mémoire à long terme, et de la récupération lors du rappel grâce aux étiquettes des patterns a été confortée par des protocoles expérimentaux qui proposaient plusieurs positions à la suite les une des autres, exposées sur des durées aussi courtes, pour lesquelles le taux de rappel des maîtres ne diminuait pas. Les auteurs concluaient que si le modèle du chunking n’avait été que perceptif, l’accumulation des informations à mémoriser aurait conduit à une chute sensible de la performance au rappel. Le fait que cela ne fut pas le cas plaidait en faveur de l’activation d’un pattern en MLT, dont l’étiquette était apprise et conservée au moment de l’encodage de la position, ce qui en facilitait la récupération au moment du rappel. Mais cette explication soulevait néanmoins la question de la limitation de la capacité de la mémoire à court terme, l’importance et la qualité du rappel (entre vingt-cinq et trente chunks de quatre à six pièces) de plusieurs positions exposées à la suite dépassant de toute évidence cette capacité.

A l’époque, pour contrer cet argument, Chase et Simon (1973b), Chase et Chi (1981) ont défini que les chunks s’organisaient en MLT selon une organisation hiérarchique en regroupements de chunks, ou super-chunks, dans un arbre à multiples niveaux. Pour autant, le principe de cette organisation hiérarchique n’était pas défini : de quelle nature était la relation structurelle entre ces chunks et super-chunks, et un sens était-il attribué au chunk et encodé au-delà de l’aspect perceptif lors de l’exposition ? Ces questions ne recevaient pas de réponse.