21 Les modèles piagétiens

Le modèle des stades de développement de Piaget visait à rendre compte de la construction de connaissances générales indépendantes du contexte, d’ordre logico-mathématiques, et posait le principe d’une correspondance entre ces stades et l’âge des sujets. Très vite ce modèle n’a pas permis d’expliquer les « décalages » de construction des connaissances, certaines s’installant plus vite que d’autre, que le modèle piagétien réputait pourtant de même ordre car référant à des opérations mentales similaires. De même, ce modèle ne donnait-il aucun argument solide pour expliquer les « effets de contenu », qui modifient les attitudes et performances des sujets selon les contextes et la variété des problèmes référant pourtant aux mêmes structures logico-mathématiques.

Quittant l’orientation logiciste, l’école piagétienne est passée à un système explicatif plus fonctionnaliste (Inhelder & Cellerier, 1962). Opposant structure et procédures, les néo-piagétiens distinguent une activité procédurale liée à la logique de l’action et une activité structurale qui détermine les formes générales de la pensée. On ne parle plus de structure générale de connaissances logico-mathématiques correspondant à des stades de développement, mais de « connaissances en fonctionnement dans des activités finalisées «.

Cette nouvelle approche repose sur deux concepts, celui de modèle et celui de procédures. Le modèle, c’est le fait que le sujet en situation de résolution de problème se construit en mémoire de travail, un modèle mental ou interne qui le guide dans la mise en oeuvre de procédures de résolution. Il y a équilibration permanente entre le modèle et le résultat obtenu par une procédure. Il est clair toutefois que ce fonctionnalisme néo-piagétien reste très inspiré par la pensée structuraliste, quels que soient les habillages centrés sur le fonctionnement.

Puis, le modèle en escaliers d’étapes homothétiques à l’âge a dû laisser place à des modèles parlant de multiplicité de processus, lesquels seraient fortement influencés ou liés à des contextes ; de là sont apparus les concepts clés de décalages et de trajectoires, et de contextualisation.