31 - Taxonomie des problèmes

Une classification des types de problèmes a été faite en fonction des compétences requises pour les résoudre, Greeno (1978) suggérant trois types de problèmes : les problèmes d’arrangement, ceux d’induction de structures, enfin ceux requérant une transformation d’un état initial pour parvenir à un état-but.

* Les problèmes d’arrangement

sont ceux qui nécessitent de ré-arranger des éléments pour satisfaire un critère spécifié.

Appartiennent à cette catégorie les anagrammes : il s’agit de ré-arranger des lettres afin de constituer un mot : ainsi les lettres S.H.E.C.E.C constituent le mot ECHECS. Pour cela il faut être capable de produire beaucoup de solutions partielles et de les abandonner aussitôt si la condition (constituer un mot existant) n’est pas satisfaite. La recherche peut être rendue plus performante si le sujet dispose de connaissances préalables et sait comment et pourquoi y recourir, telle que par exemple la fréquence relative des voyelles, ce qui lui facilite la constitution de sous-ensembles et augmente la performance de productions d’appariements de syllabes. On peut citer également les problèmes du type de celui décrit par Kohler (1925) où il s’agit de réarranger des objets (caisse, corde, bâton) disposés dans une pièce d’une certaine manière en une nouvelle structure pour atteindre le but, à savoir des bananes placées hors de la portée du chimpanzé. Dans ce type de problème, la succession de tentatives de nouveaux arrangements conduit souvent à la découverte soudaine de la bonne structure : ce type de problèmes tient par conséquent moins à la rigueur d’un raisonnement logique qu’à la capacité à faire défiler des suites de combinaisons jusqu’à ce que l’une satisfasse au but. On est donc peu souvent dans une démarche métacognitive mais plutôt proche de la théorie de l’insight de la Gestalt. La preuve qu’il s’agit souvent d’algorithmes aléatoires a été apportée par diverses expériences dans lesquelles les sujets doivent à intervalles réguliers déclarer s’ils considèrent être proches de la solution ou non. Dans des problèmes de type anagrammes aucune corrélation n’était faite entre la solution et la déclaration, alors que dans des problèmes où le raisonnement intervenait plus, les corrélations augmentaient avec l’approche de la solution (Metclafe, 1986b). Dans ce type de problème, la capacité de résolution est fortement influencée par la rigidité des représentations sémantiques fonctionnelles des éléments à ré-agencer : on ne voit un objet que dans sa fonction première du propre usage que l’on en fait, ce qui empêche de voir une fonction différente et accessoire mais qui aiderait à définir un autre type de relations entre les objets. Le détournement d’objets propre à la création artistique perturbe la vision de celui qui est habitué à la mono-fonctionnalité (cf. les bougies de Duncker, 1945).