Chapitre 6
Métacognition et Transfert

Nous avons relevé en introduction de cette partie que le transfert de connaissances est l’un des processus les plus essentiels du développement cognitif chez l’enfant ou du fonctionnement cognitif chez l’adulte. L’enfant, comme l’adulte, essaie constamment d’appliquer et de mettre à jour ou d’adapter ce qu’il sait aux nouvelles choses ou situations qu’il découvre (Chukovwky, 1971).

Deux processus de nature sensiblement différente sont mis en oeuvre : le transfert analogique, qui reste lié au domaine de connaissances, le transfert métacognitif qui est indépendant de celui-ci et peut s’appliquer à tout domaine de connaissances.

Comme nous l’avons relevé, le transfert métacognitif intervient lorsque la transposition s’opère entre deux situations ou problèmes très différents ou non isomorphes sur la base non de traits de surface ou structurels mais de processus ou de concepts.

C’est dans le domaine de la résolution de problèmes que le transfert analogique est le plus couramment utilisé. Le sujet, à partir de la solution qu’il connaît d’un problème, rapproche celle-ci d’un problème nouveau auquel il est confronté afin de trouver la solution. Cette comparaison pourra se faire sous des formes et à des niveaux différents : les aspects de surface, ou tout ce qui concerne la similitude des formes, ou bien les éléments plus profonds, ceux portant sur la structure de l’action ou des raisonnements, les enchaînements d’évènements ou les relations causales entre évènements et acteurs. Si le sujet ne compare que des détails et reste au niveau des traits de surface, on pressent qu’il lui sera plus difficile de transposer, c’est-à-dire de raisonner par analogie en rapprochant les éléments et relations de structures, que celles-ci concernent les évènements, les acteurs ou les actions. Cette question des formes possibles de la représentation analogique est au coeur de la problématique du transfert. Elle pose en effet la question des niveaux de compréhension des situations, problèmes ou textes, et du travail réalisé par le sujet, seul ou aidé, au moment où la situation est vécue, le problème résolu ou le texte lu.

Mais un préalable à toute analogie doit être rappelé : pour qu’une situation puisse servir de source de comparaison, encore faut-il que celle-ci soit récupérable en mémoire. Bien souvent, il y a risque d’attribuer à un défaut de capacité de transfert ce qui n’est que la manifestation d’une absence d’encodage et par conséquent d’impossibilité de récupération.