11-3 -Les autres modèles d’apprentissage

• Le modèle de Siegler (1989a) s’inspire lui aussi des modèles de système de production de règles. L’idée est que, dès qu’il y a difficulté, les enfants utilisent des stratégies de back up lentes, contrôlées et générales. En revanche, pour les problèmes familiers ils recourent à des stratégies automatiques où stimuli et action-solutions sont stockées en une même information en MLT.
  En arithmétique, l’enfant alterne comportements et stratégies d’expert et de novice. Selon les cas, dit Siegler (1989a), il choisit ; ce qui diffère de la théorie de l’apprentissage d’Anderson. Pourquoi alterne-t-il ? En vue d’optimiser sa performance répond l’auteur. Pour ce faire, il confronte son choix au résultat et renforce le choix de telle ou telle stratégie en fonction de ce critère de confiance en la performance obtenue précédemment. Après chaque nouveau résultat il y a modification ou ajustement du poids de l’association stratégie-performance et, deuxième processus d’ajustement, entre connaissances et problème.

• Le modèle de Chi (1978, 1985) rend compte de l’interaction entre base de connaissances et stratégie de traitement. Selon Chi, l’expert est plus performant parce qu’il possède une base de connaissances conceptuelles plus large, mieux structurée, et plus facilement accessible. Et, deuxième composante de son modèle, cette base de connaissances est active c’est-à-dire comporte comme attribut interne un élément action. Le schéma chez Chi est un schéma actif. Le pattern en MLT est un schéma incluant l’information sur l’action exécutable quand ce type de pattern apparaît comme stimulus, et la catégorisation se fait sur ce critère enrichi de l’élément-action. Selon l’étude de Chi et al, (1985), experts et novices ne classent pas selon les mêmes critères des dessins relatifs à des problèmes de physique; la catégorisation des novices est faite selon les traits de surface, celle des experts selon les traits pertinents liés aux solutions des problèmes. Pour Chi, les traits-pièges ne trompent pas l’expert. Dans l’étude de 1989, Chi approfondit son modèle et établit la corrélation entre degré d’élaboration de la base de connaissances et performances dans les tâches de catégorisation : c’est le fameux travail sur les dessins de dinosaures dont la conclusion principale est qu’une connaissance plus élaborée et riche facilite l’apprentissage dans un domaine non-familier, ce qui peut se mesurer par la catégorisation de stimuli non-familiers.

Ceci réfère à la troisième composante du modèle de Chi : il y a réorganisation par la pratique des schémas dans la base de connaissances, ce qui en améliore encore la performance. Dans des tâches de catégorisation, de rappel, ou d’inférence, la différence de niveau de la base connaissances explique seule les différences.

La principale critique qui peut être formulée au modèle de Chi est que ses schémas actifs ne prennent en compte que des types d’action simples et automatisées. Les traitements plus complexes qui ressortissent à des processus plus contrôlés ne peuvent être ramenés à ce type d’interaction entre connaissance et stratégie automatique.

Là est la véritable faiblesse de toutes les recherches théoriques sur le traitement de l’information. Le concept de stratégie retenu par les cognitivistes est trop simplifié pour les besoins explicatifs, l’aspect combinatoire d’un grand nombre de facteurs en parallèle et en temps masqué et non séquentiel étant peu traité. Les pistes ouvertes par une approche connexionniste visent à lever ces objections formulées à l’encontre des modèles classiques.