Chapitre 10
Expérience 3 : Tours de Hanoï

Le jeu d’échecs développe l’analyse en profondeur pour le calcul de variantes, laquelle repose sur une bonne planification des enchaînements de coups possibles et sur le choix de buts et sous-buts à l’intérieur d’une stratégie plus large d’attaque ou de défense. Nous l’avons amplement analysé dans notre première partie, et l’illustration dans la figure 24 des processus mobilisés en donne une synthèse pertinente.

Nous dégagerons également des travaux présentés dans la première partie l’importance, chez le joueur d’échecs, de la mémoire de travail, qui est sollicitée dans l’exploration en profondeur des enchaînements de coups lors de la recherche du meilleur coup. Si l’on examine les diverses opérations que doit conduire à chaque coup le joueur, on mesure l’importance de la sollicitation de la mémoire de travail.

C’est en effet la mémoire de travail qui pilote les diverses tâches à réaliser. L’exécutif central (Baddeley, 1974) combine et programme les calculs et les résultats partout où il y a calcul. Le calepin visuo-spatial enregistre en mémoire et code la position ; il active et récupère en MLT les patterns et templates de parties et leur sens ; il étiquette les chunks qu’il n’a plus besoin de voir pour imaginer la Position quelques coups plus tard, en faisant abstraction des pièces présentes. La mémoire verbale conserve les étiquettes, et la boucle articulatoire rafraîchit en permanence le modèle sur la variable gestion du temps et la variable métacognitive d’autocontrôle.

La tâche dénommée Tours de Hanoi, beaucoup utilisée en psychologie cognitive, permet d’évaluer la capacité de pensée stratégique, c’est-à-dire de planification des actions dans un ordre logique et dans le respect de règles, avec nécessité d’établir un choix de buts et de sous-buts, dans le respect d’une économie de ressources en moyens -nombre de coups- et temps -durée de la recherche de la solution-.

Il s’agit par conséquent, en proposant la tâche des Tours de Hanoï à des groupes de joueurs, de vérifier si leur performance sera meilleure que celle de groupes témoins.

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Figure 68 : Illustration des phases de l’analyse d’une position en vue du choix du coup, d’après le phasage de De Groot (1946).
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