222 - Corrélation entre les exercices Tours de Hanoï et les épreuves- contrôle

Deux exercices Tours de Hanoï ont été proposés, le premier à 3 disques, le second à 5, à l’issue des séquences 10 et 36 du didacticiel, dont les solutions optimales s’obtenaient en 7 et 10 coups. Nous avons calculé la moyenne des scores globaux (résolution, efficacité, temps) aux seuls 1ers essais des deux exercices. Comme dans notre expérience 3, nous n’avons retenu que les 1ers essais pour effacer la composante apprentissage et n’appréhender que la composante stratégie de résolution de problème et facteur d’inhibition de l’appariement perceptif au but (pour l’exercice en 7 coups). Ce sont les Z scores des scores globaux qui ont été rapprochés de ceux des épreuves-contrôle. L’analyse a été faite pour l’ensemble des sujets, puis selon le genre.

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Figure 115 : Corrélation entre les Scores Hanoï et les scores épreuves contrôle.

S’agissant d’une tâche de résolution de problèmes il n’est pas étonnant de mesurer une corrélation positive avec les épreuves ayant pour composante principale l’Attention, c’est-à-dire la mémoire de travail ou l’Imagerie. Les Tours de Hanoï nécessitent, en effet, de simuler mentalement les mouvements des disques pour passer de l’état-initial à l’état-but, en mobilisant des ressources attentionnelles fortes (mémoire de travail visuelle à court terme) aussi bien pour anticiper les conséquences du déplacement d’un disque que pour respecter les règles strictes des placements autorisés selon la taille des disques. Ce dernier point peut expliquer le fait qu’il ne soit pas constaté de corrélation nulle entre les tâches Langage et Compréhension, d’une part, et la tâche Tours de Hanoï, de l’autre.

L’analyse entre filles et garçons présentée dans la figure 139 est très significative, en ce qu’elle nous renseigne sur les différences dans le traitement de la tâche.

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Figure 116 : Corrélation entre les Scores Hanoï et les scores épreuves contrôle selon le genre.

Le profil des corrélations est en grande partie inversé. Pour les filles la corrélation n’existe presque exclusivement qu’avec la composante Imagerie, alors que chez les garçons, elle concerne l’ensemble des composantes cognitives. Sur le total de l’ensemble des quatre épreuves-contrôles, la quasi-absence de corrélation pour les sujets filles est à noter, par comparaison avec les garçons, pour lesquels le taux de corrélation est très élevé (0,7). Il faut rappeler que dans cet exercice des Tours de Hanoï les résultats des garçons étaient significativement plus élevés que ceux des filles (+ 10,5%), mais cela ne saurait suffire pour expliquer une telle différenciation des mécanismes recrutés en composante principale.

Il n’est pas inutile à ce point de l’analyse de rappeler que chez les élèves de CM2 de l’expérience 3, qui avaient tous pratiqué depuis 2 ans les échecs en milieu scolaire, on constatait une différence de performance encore plus sensible entre filles et garçons (score stratégique global de 2516 vs 1987), alors que chez les sujets contrôle non-joueurs un tel écart n’existait pas (1586 vs 1557). La pratique profitait par conséquent de façon significative à l’ensemble des sujets, et singulièrement aux garçons. Il y a donc cohérence dans les résultats et tendances chez les sujets de ces deux expériences, ayant le même âge moyen (10 ans et demi) et appartenant au même milieu sociologique. Puis, avec le nombre d’années, les filles bénéficient encore plus que leurs camarades masculins de la pratique, comme le montraient nos résultats de l’expérience 3 dans laquelle, chez les collégiens ayant 4 années de pratique, le score global des filles dépassait largement celui des garçons (3384 vs 2379), grâce, rappelons-le, à un pilotage métacognitif plus pertinent du contrôle de la stratégie suivie de découpage de la tâche en sous-buts.