A – Wolof : locuteurs et langue

Dans l'histoire de l'Afrique de l'ouest et plus particulièrement du Sénégal, les Wolofs tiennent une place particulière. Les premières traces historiques que l'on ait sur cette ethnie remontent au VIIe siècle, époque de création des premiers royaumes connus, en particulier celui du Djolof qui présente de lointaines parentés avec le royaume du Ghana. Ce n'est que vers le XVe siècle et après avoir connu une forte unification politique que les provinces du royaume deviennent autonomes et fondent les royaumes du Walo, du Cayor, du Baol et du Siné-Saloum. Durant la colonisation, de nombreux Wolofs sénégalais, des Toucouleurs du Haut-Niger et des Bambaras du cours supérieur du Niger étaient recrutés comme auxiliaires des troupes françaises et contribuèrent à la conquête de l'Afrique aux côtés des Français. Ainsi, au plus loin que l'on puisse remonter dans l'histoire du Sénégal, les Wolofs ont toujours occupé une place importante dans l'évolution socio-politique du pays. 1

À l'heure actuelle, les Wolofs représentent selon les sources entre 36 et 45% de la population sénégalaise. Le rôle historique de l'ethnie Wolof, notamment durant la colonisation, a fortement contribué à l'expansion de sa langue. Le wolof est considéré comme langue véhiculaire au moins depuis l'indépendance (1960). Une enquête, effectuée à Dakar en 1963-1964, arrivait à la conclusion que le wolof était parlé par 72,23% des enquêtés (Poinsot et al., 1989). Aujourd'hui, les estimations vont jusqu'à 90% de la population 2 . En tant que langue véhiculaire, le wolof est, dans le panorama sociolinguistique africain, un peu à part. À la différence de l'expansion de langues comme le swahili, la véhicularisation du wolof ne sort guère des limites frontalières, exception faite de la Gambie et du sud de la Mauritanie.

Sur le plan politique, le wolof, à côté du peul, du sérère, du diola, du manding et du soninké, est reconnu comme langue nationale du Sénégal, la langue officielle est le français. Sur le territoire sénégalais, la SIL dénombre 36 langues. Exception faite du créole de Guinée parlé à Ziguinchor et du français, toutes ces langues appartiennent à la famille des langues Niger-Congo et se répartissent entre le groupe atlantique et le groupe mandé. Les zones où sont parlées ces langues sont indiquées dans la carte 1.

La langue wolof appartient à la branche Nord du groupe ouest-atlantique, également appelé 'Atlantique' ou 'Sénégalo-guinéen'. Ce groupe comprend une quarantaine de langues parlées essentiellement le long de la côte de l'Océan Atlantique, du Sénégal au Libéria. Bien que le wolof soit une langue africaine décrite depuis longtemps, la classification génétique des langues atlantiques et la position du wolof dans cette classification pose toujours des problèmes.

Dans la figure 1, nous proposons la classification des langues ouest-atlantiques, effectuée par Pozniakov, dans laquelle le wolof est une langue isolée à l'intérieur de la branche Nord. Cet isolement du wolof apparaissait également chez Doneux (1968). Il est bon de noter que d'une manière générale, la classification des langues atlantiques se heurte au fait que les mots lexicaux en synchronie ne permettent pas d'effectuer de manière immédiate des rapprochements fiables, notamment à cause du processus d'incorporation d'affixes aux lexèmes tout au long de l'histoire de ces langues, ce qui perturbe fortement l'établissement de correspondances régulières.

Le propos de notre étude est de décrire le système des voix du wolof, ce qui implique une observation de la langue au niveau de la phrase, de ce fait la plupart des données présentées sont assez souvent complexes. Dans les sections suivantes, nous présentons rapidement différents points grammaticaux qui seront utiles aussi bien pour lire les exemples que pour l'étude des voix.

Notes
1.

http://www.chez.com/afroweb/sen_his.htm (16/06/99)

2.

http://www.ethnologue.com/ (23/07/99)