B – 2.1. Le système de classification nominale

Les différentes marques de classe que l'on trouve en wolof partagent le lexique en huit classes au singulier et deux classes au pluriel. La formation des déterminants se fait par affixation des éléments de détermination à la marque de classe liée au substantif. Ces marques de classe sont des consonnes et se répartissent de la façon suivante :

  • singulier : k–, b–, j–, l–, g–, m–, s–, w–
  • pluriel : ñ–, y–

Par rapport au système de classes de la famille Niger-Congo, le système wolof est souvent présenté comme dégradé. Nous allons dresser en quelques mots les points qui montrent cette dégénérescence du système, puis nous décrirons ce système.

Dégénérescence du système

La dégénérescence du système wolof se voit au travers de différents points.

Tout d'abord, il n'y a plus de marque de classe sur le substantif, la variation singulier/pluriel est seulement apparente sur les éléments de détermination.

ø-buy b-i
CS-déf.
le pain de singe ø-buy y-i
CP-déf.
les pains de singe
ø-nit k-i
CS-déf.
L'être humain ø-nit ñ-i
CP-déf.
les êtres humains

La règle d'accord entre les substantifs et les déterminants reste visible dans le sens où des groupes de substantifs s'associent à un type de marque de classe, mais cette marque d'accord n'est apparente que sur le déterminant et a disparu du substantif.

Ensuite, l'homogénéité sémantique des classes d'accord a disparu, néanmoins quelques traces subsistent, au niveau du pluriel des êtres humains adultes avec la marque de classe ñ–. Les liquides sont en grande majorité dans les classes : singulier m– et pluriel y–, mais beaucoup d'autres substantifs appartiennent à ces classes. La seule trace d'une classe de locatif se retrouve dans la marque de classe c–, nous y reviendrons.

Il existe encore des marques de classe qui ont un emploi absolu, elles renvoient à des notions telles que : personne k–, chose l–, lieu f– et manière n–. Il s'agit du seul point du système de classe de la famille Niger-Congo qui soit entièrement conservé en wolof. Il est sans doute possible de rattacher une consonne b– à ce groupe pour la notion de moment. Enfin, il est également important de noter que les pronoms et clitiques sujet et objet ne varient pas en classe.

Au début de cette section, nous avons indiqué que les consonnes k–, b–, j–, l–, g–, m–, s–, w– et ñ–, y– sont utilisées comme marqueur de classe respectivement pour le singulier et le pluriel. On peut, cependant, remarquer que j– et s– ont des emplois particuliers. Ces consonnes sont également utilisées pour l'expression du collectif et du diminutif lorsqu'elles sont employées avec des substantifs liés ordinairement à d'autres marques de classe.

Le diminutif est exprimé exclusivement par s–.

ndox m- eau ndox si la petite quantité d'eau
jaan j- serpent jaan si le petit serpent
tool b- champ as tool un petit champ
kër g- maison as kër une petite maison

Le collectif est exprimé soit par j–, soit par s–.

buy b- pain de singe buy ji 'la classe' des pains de singe
janq b- Jeune fille janq ji 'la classe' des jeunes filles
sëriñ b- Marabout sëriñ si 'la classe' des marabouts

Dans le Dictionnaire français-wolof de Fal et al. (1990 : 17), il est noté que j– a une valeur de collectif pour les noms de fruits en général et les deux noms janq et jeeg. Tandis que le s– à valeur collective serait utilisé avec des noms comme sëriñ 'marabout'. Il se peut donc que la marque de classe s– soit réservée ou fut réservée aux substantifs désignant des corps de métier.

Les marques de classe se présentent toujours associées à des éléments de détermination. Quel que soit le type de détermination, l'ordre est toujours déterminé-déterminant, à l'exception de l'indéfini en a-C et des marqueurs de possession qui sont, dans la majorité des cas, antéposés à la tête nominale. Nous présentons ces éléments de détermination en commençant par la spécification.