B – 2.2. La spécification

Sous la notion de spécification nous comprenons les déterminants qui “précisent relativement à la situation d'énonciation ou au contexte l'identité du référent assumé par le substantif auquel ils se rapportent” Creissels (1991 : 162). Cette partie concerne donc les démonstratifs et les articles qui sont en wolof plus complexes que dans les langues indo-européennes, puisqu'ils marquent la distance du référent par rapport au locuteur et/ou à l'interlocuteur, complexité accrue par les marques de classe.

Le système de spécification du wolof comprend quatre démonstratifs accompagnés de quatre formes de 'rappel' (anaphoriques) et deux articles définis. Ces éléments sont postposés à la tête, l'ordre inverse est attesté, mais marque l'insistance. La figure 2 montre que les démonstratifs varient selon la proximité ou l'éloignement du référent par rapport au locuteur, par rapport à l'interlocuteur ou par rapport aux deux.

Dans cette figure (2), seuls 4 démonstratifs sont présentés, mais suivant les auteurs, cette catégorie est présentée comme plus large. Nous reprenons dans le tableau ci-dessous les formes données par Fal et al. (1990)

Les démonstratifs
Déictiques Rappel
Proches éloignés Proche éloigné
Cii Cile Cee Cale CooCii CooCu CooCule CooCa CooCale CooCee

La formation des articles définis se fait à l'aide de deux voyelles –i et –a qui forment avec les marques de classes des éléments de spécification. Ces voyelles véhiculent également des indications spatiales. La voyelle –i indique la proximité entre le référent et le locuteur, tandis que la voyelle –a est utilisée en cas d'éloignement (9b.).

Les articles définis
Ci Ca

Ces indices de proximité/éloignement se retrouvent dans d'autres constructions et servent à former, entre autres, les marqueurs de relatives et les subordonnants introduisant les propositions temporelles et hypothétiques. Dans cette dernière fonction, on trouve également une troisième voyelle : –u. Cette voyelle est décrite comme marquant l'indétermination spatiale, mais la forme C-u ne peut être considérée comme un article puisque la construction N C-u ne constitue jamais un syntagme complet. Nous avons eu un exemple d'utilisation de cette voyelle dans la formation des constructions adjectivales et adverbiales. Elle est également utilisée pour la construction du syntagme génitival et dans les relatives. Nous reviendrons sur les différentes fonctions de cette voyelle tout au long des sections suivantes. Notons déjà que selon les différentes constructions dans lesquelles on trouve la consonne –u, elle véhicule une valeur d'indétermination spatio-temporelle et s'oppose à –i et –a. Dans d'autres cas, elle sert uniquement à la construction d'un syntagme complexe, ne véhicule pas de valeur spatio-temporelle et ne s'oppose pas aux voyelles –i et –a.