B – 2. Valence et transitivité

Nous allons dans cette section présenter ce que l'on entend par valence, puis nous opposerons la notion de valence syntaxique à la notion de transitivité.

La valence d'un verbe est fortement liée à son sémantisme, à sa classe lexicale. Si l'on s'en tient aux trois classes que nous avons jugées nécessaires pour l'analyse des modifications des relations grammaticales en wolof, on peut schématiser la valence de ces classes de la façon suivante :

verbes d'activité bivalent / trivalent
verbes inchoatifs monovalent
verbes d'état monovalent

Par valence, nous entendons le nombre maximum d'arguments nucléaires 19 que peut régir un prédicat. Comme beaucoup de langues africaines, le wolof autorise les prédicats trivalents. Néanmoins, le comportement des verbes face aux voix fait également intervenir un autre paramètre défini par la Grammaire du Rôle et de la Référence comme la valence sémantique.

Cette notion renvoie au nombre d'arguments sémantiques que régit un verbe.

Semantic valence Syntactic valence
rain 0 1
die 1 1
eat 2 1 or 2
put 3 3 or 2

Comme il est souvent mis en avant dans les théories qui traitent des relations grammaticales, le nombre d'arguments d'un verbe peut varier sans marquage particulier.

Dans l'exemple 132, le verbe lekk 'manger' peut être défini comme un verbe bivalent puisqu'il peut régir deux arguments nucléaires moo et jàpp, mais il peut également entrer dans une proposition où il ne régit qu'un seul argument sujet. Afin de dissocier ces différentes constructions pour un même prédicat, nous utilisons la notion de valence pour le nombre maximum d'arguments nucléaires que peut régir un prédicat dans l'absolu et la notion de transitivité pour la réalisation particulière de cette valence dans une proposition (réalisation transitive en 132a. et intransitive en 132b.)

‘132 a. Moo lekk jàpp.
ESuj3S manger viande
C'est lui qui mange de la viande.
b. Moo lekk.
ESuj3S manger
C'est lui qui mange.’

Notes
19.

Notre usage de ce terme est conforme à ce qu'on trouve, par exemple, en GRR : parmi les termes de la construction d'un verbe sémantiquement susceptibles d'être considérés comme arguments, les arguments nucléaires sont ceux que la syntaxe assimile à agent ou patient. Les autres sont les arguments obliques.