A – 1. Les causatives périphrastiques.

Les causatives périphrastiques sont également appelées analytiques. Dans ces propositions, un lexème verbal est utilisé comme marqueur causatif qui, selon les langues, peut avoir le sens de faire, causer, forcer, donner… Dans ces constructions, l'expression de la causation est divisée en deux propositions, la principale pour l'événement causant et la subordonnée pour l'événement causé.

Selon le degré d'intégration de la seconde proposition à la principale, la causation dans ces constructions complexes peut être perçue soit comme deux événements nettement distincts, soit comme deux événements plus ou moins intégrés. Ainsi, les propositions subordonnées à verbes finis ont un degré d'intégration syntaxique moindre, et les deux propositions sont ressenties comme exprimant deux événements dépendants, mais différents. Dans l'exemple 212, les deux verbes montrent une forme finie et chacun d'entre eux régit un sujet différent : nu– (1sg 'je') pour | ena 'feel' et i– (2pl 'vous') pour ni 'do'.

  • tariana, langue arawak-nord (Brésil) (Aikhenvald 2000 : 163)
‘212 nu-na ma:tSi nu-|ena-ka-mha i-ni-yha
1sg-obj bad 1sg-feel-DEP-PRES.NON.VIS 2pl-do-APPR
You made me feel miserable a little bit.’

Les propositions à verbes non finis (infinitivales) sont plus intégrées. Toutefois, les événements décrits dans chacune des propositions restent perçus comme différents (213). On trouve en français ce type de constructions, non pas avec le verbe causateur faire, mais avec des verbes tels que obliger, forcer… On peut voir que le sujet du verbe de l'événement est syntaxiquement l'objet du verbe causant (213a., b., c. et d.). Le verbe de l'événement causé régit quant à lui un objet son examen en forme pleine (213a. et b.) ou cliticisée (213c. et d.) et un sujet mon frère qui peut être considéré comme un PRO (213b. et d.).

‘213 a. J'ai obligé mon frère à travailler son examen
b. Je l'ai obligé à travailler son examen
c. J'ai obligé mon frère à le travailler
d. Je l'ai obligé à le travailler’

Lorsque les constructions causatives à verbes non finis montrent un degré d'intégration plus fort, la structure syntaxique de la construction, quoique identique en apparence, se révèle différente. Elle appartient, dans ce cas, à un autre type de constructions causatives qui n'est pas clairement distingué dans l'échelle de compacité (cf. tableau 29), dans la mesure où il peut être tentant de comprendre 'separate clauses' comme unités phrastiques immédiatement reconnaissables comme telles (donc, à verbe fini toutes les deux), et de rattacher à CP les cas où l'événement causé est représenté par une subordonnée à verbe non fini.

L'identification d'une causative périphrastique commence donc par la reconnaissance d'un verbe causateur traité comme prédicat d'une proposition principale dans une structure complexe. De plus, une attention particulière doit être portée aux causatives à verbe non fini qu'il est facile de confondre avec les constructions à prédicat complexe. Dans la partie suivante, nous présentons les constructions wolof dans lesquelles nous avons repéré des verbes causateurs, prédicats d'une proposition principale. Nous identifions ce type de constructions comme étant des causatives périphrastiques.