A – 2.2. Autres lexèmes verbaux causateurs

On trouve en wolof des causatives périphrastiques construites avec d'autres verbes causateurs. Dans cette section, nous en présentons deux, les causatives en def et les causatives en bàyyi.

A – 2.2.1. Les causatives en def

Les causatives périphrastiques construites à l'aide du lexème verbal signifiant 'faire' def sont, comme avec tax, des constructions de type complétives. Le lexème verbal def est un verbe transitif (237) qui garde sa transitivité lorsqu'il est utilisé comme verbe causateur, mais son objet est alors une unité phrastique. Dans l'exemple 238, le verbe causateur def a comme sujet Yalla et comme objet la proposition mu am jenn jabar dee bàyyi fi doomam. Le verbe am de la seconde proposition a un sujet mu et un objet jenn jabar dee bàyyi fi doomam.

‘237 Wànte léégi, danuy def lenn… (Contes)
mais maintenant EVerb3S faire une.chose
Maintenant, nous allons faire une chose.’ ‘238 Yàlla def [mu am jenn jabar ju dee bàyyi fi doomam.] (Contes)
Dieu faire N3S avoir une épouse rel. ê.mort laisser loc. enfant-poss3S
Dieu fit qu'il avait une épouse qui mourut en laissant son enfant.’

On trouve avec def un type de construction complétive semblable à celui rencontré avec tax du point de vue de l'absence du complémenteur, mais différent du fait de la présence fréquente d'un pronom cataphorique ko qui anticipe sur la subordonnée. En effet, dans les constructions avec def, la complétive peut être reprise sous la forme d'un pronom cataphorique ko dans la principale.

‘239 Dinaa ko def nga am doom (Contes)
FUT1S 3S faire N2S avoir enfant
Je ferai (ça) que tu aies un enfant’

Dans cet exemple, la forme ko annonce l'ensemble de l'événement causé.

‘240 Dinaa ko i def [nga am doom] i (Contes)
FUT1S 3S faire N2S avoir enfant
Je ferai (ça) que tu aies un enfant’

Cette particularité de construction de complétive se retrouve dans d'autres langues. En bambara, par exemple, bien que l'anticipation de la complétive sous la forme d'un pronom objet régi par le verbe de la principale soit motivée par des caractéristiques syntaxiques, on retrouve le même type de construction qu'en wolof.

‘bambara (Creissels, CP)
241 a. Seku ye [tiyèn] fò Adama ye
Sékou AC.POS vérité dire Adama à
'Sékou a dit la vérité à Adama.'
b. Seku y' [a] fò Adama ye
Sékou AC.POS ceci dire Adama à
'Sékou a dit ceci à Adama.'’ ‘ c. Seku y' [a]i fò Adama ye [ko Fanta furula]I
Sékou AC.POS ceci dire Adama à que Fanta se+marier.AC.POS
'Sékou a dit ceci à Adama, que Fanta s'était marié.'’

Ce type de construction en bambara est lié à la position de l'objet dans la proposition, ce qui n'est pas le cas du wolof. On peut supposer que cette construction a, en wolof, une motivation pragmatique.