A – 4.1. Le suffixe –e

Ce suffixe causatif fonctionne avec très peu de verbes et aucun lien sémantique ne permet de les relier. Même si beaucoup ont une valeur spatiale (génn : sortir, dellu : se retourner, tasaar : être éparpillé, wàcc : descendre), on trouve, à côté, des verbes tels que des 'rester', tudd 'se nommer' et aay 'être interdit' qui ne la possèdent pas. Ainsi, de par cette faible utilisation et l'absence de lien entre ces verbes, nous posons que ce marqueur de causativité est à l'heure actuelle lexicalisé. Ces formes verbales dérivées sont donc des causatives lexicales, même si elles sont construites par un procédé morphologique. Dans les exemples 265 à 267, nous présentons quelques-uns des verbes qui fonctionnent avec ce suffixe, dans lesquels on peut voir que le procédé de causation reste actif. Le verbe génn 'sortir' (265), est un verbe de mouvement intransitif (265a.) auquel on peut ajouter un locatif introduit par la préposition ci (265b.). La forme dérivée génne 'faire sortir quelqu'un ou quelque chose' est bien la contrepartie transitive causative de génn (265c.).

‘265 a. Bësal taab gi ba mbér mépp génn ! (Fal)
presser-imp. abcès déf. ab. pus tout sortir
Presse l'abcès pour que tout le pus sorte !

b. Néeg bi dafa tàng, maa ngiy génn ci diggu kër gi féexlu.
chambre déf. EVerb3S ê.chaud Prés1S Prés.-inacc. sortir loc. cour déf. s'aérer
Il fait chaud dans la chambre, je sors dans la cour prendre l'air. (Fal)

c. Génne naa guro yu sànkar yépp. (Fal)
sortir-e P1S cola jonc. ê.véreux tous
J'ai sorti toutes les colas véreuses.’ ‘266 a. Man, Maymuna laa tudd, sant Jóób. (Contes)
1S Maïmouna EC1S se.nommer avoir.pour.nom Diop
Moi, je me nomme Maïmouna, mon nom est Diop.

b. Nappakat bi itam tudde ko Mbeex. (Contes)
pêcheur déf. aussi se.nommer-e 3S Mbeex
Le pêcheur la nomma Mbeex.’ ‘267a. Dox timis aay na. (Fal)
marcher crépuscule ê.interdit P3S
Marcher au crépuscule n'est pas recommandé.

b. Aaye nañu ku fi dugg. (Fal)
ê.interdit-e N3P pro. loc. entrer
Il est interdit d'entrer ici. Litt. Ils interdisent à quiconque d'entrer ici.’

Nous reviendrons sur ces causatives plus en détail dans la partie qui traite des causatives lexicales. Nous allons maintenant passer au second procédé morphologique de causation en wolof, le suffixe –al.