À l'inverse de –e, le marqueur –al est très productif, il est très difficile de recenser l'ensemble des verbes qui effectuent leur contrepartie causative avec cette dérivation. Cependant, il présente certaines restrictions qui permettent de délimiter son champ d'action. Il ne s'applique que sur des verbes intransitifs, qui peuvent être considérés comme des verbes non dynamiques.
‘“A [-dyn] SoA 42 is an SoA which does not involve any change, i.e., where the entities involved are presented as being or remaining the same at all points of the time intervalle during which the SoA obtins. We can use the general term Situation for such [-dyn] SoAs.” (Dik, 1989, 91)’ ‘268 a. Ndox mi bax na, sotti ko ci termoos bi ! (Fal)Dans les exemples 268 et 269, le suffixe –al de par les modifications qu'il entraîne peut donc être considéré comme un morphème causatif. Il permet d'ajouter un causateur au changement subi par l'objet. Il permet ainsi de donner une contrepartie causative à ces verbes.
La dérivation causative –al s'applique également sur une classe de verbes particuliers. Dans le chapitre 2, nous avons mis en parallèle les découpages sémantico-cognitifs effectués par différentes théories sur les différents types d'événement que représentent les bases verbales. Nous avons alors indiqué que sur ce principe, il est possible d'identifier les verbes de mouvement du wolof, comme des verbes inchoatifs qui ont la particularité d'avoir un sujet self-agent, autrement dit qui cumulent les rôles d'agent et de siège du processus. Ces particularités nous ont permis d'expliquer l'absence de dérivation moyenne pour ces verbes. Pour la dérivation causative, il semble que le caractère agent du sujet soit effacé, puisque le suffixe –al permet de créer les contreparties causatives de ces verbes.
Dans l'exemple 270, dal 'se poser' est un verbe monovalent inchoatif (270a.). Le sujet de la forme non dérivée cumule les rôles agent et siège du procès. Avec la forme dérivée (270b.), le sujet est un causateur et l'objet est un causataire patient. Il s'agit bien de la contrepartie causative de la forme intransitive.
‘270 a. Tan mi dal na ci médd mi. (Fal)Cette dérivation fonctionne également avec les verbes de mouvement, pour lesquels le cumul des rôles sur l'argument sujet est moins visible. Cependant, dans ces événements, l'initiateur et le siège du procès de l'événement entrer correspond au sujet seul (271a), et dans la proposition (271b) ce cumul vaut également pour le co-participant de l'action introduit par la préposition ak/ag.
‘271 a. ñu dugg ci néég bi, (Contes)Le type de causative que l'on obtient avec ce suffixe présente des particularités que l'on ne retrouve pas avec les causatives prototypiques (si on considère comme prototypique les causatives à causataire agent), mais ce type de dérivation causative n'est pas exceptionnel, il est parfois appelé factitif.
D'autres verbes intransitifs, dont certains entrent dans la classe des verbes de mouvement, forment leur contrepartie causative avec une forme –ale. Bien que cette marque puisse faire penser à un cumul de suffixes, les modifications qu'elle entraîne ne peuvent être interprétées que comme une dérivation causative simple. Dans les exemples suivants, le verbe intransitif àgg 'arriver à destination, être achevé' qui présente des variantes yegg / egg forme sa contrepartie causative avec le suffixe –ale.
‘272 a. Sama liggéey àgg na. (Fal)L'hypothèse selon laquelle cette forme ne peut, au moins d'un point de vue synchronique, être décomposée est renforcée par la présence de la même forme pour verbaliser des bases nominales, par exemple gan 'hôte' ganale 'accueillir'.
‘273 a. Fu gan giy fanaan ? (Fal)Et d'autre part, par la possibilité de pouvoir exprimer le même sens avec le suffixe –al pour la plupart des verbes qui forment leur contrepartie causative en –ale.
‘274 Xaaral ma àggal liggéey bi. (Fal)Nous considérons donc la forme –ale comme une variante de –al. Avant de passer aux autres morphèmes de dérivation causative, nous voulons nous arrêter sur une particularité du suffixe –al.
SoA = Sates of affairs que l'on peut traduire par procès.