C'est dans cette catégorie de causatives lexicales que nous classons les causatives dérivées par –e. Nous avons vu que cet outil de dérivation n'est plus productif à l'heure actuelle dans cette langue.
Ainsi, on peut présenter les paires suivantes comme étant des causatives lexicales.
Génn : sortir | génne : sortir quelque chose ou quelqu'un |
Dellu : se retourner | delloo : apporter quelque chose, amener quelqu'un |
tasaar : être éparpillé | tasaare : disperser, éparpiller quelque chose |
wàcc : descendre | wàcce : descendre quelque chose |
tudd : se nommer | tudde : nommer quelqu'un (donner un nom) |
aay : être interdit | aaye : interdire quelque chose |
Dans notre corpus, nous avons également des causatives lexicales à deux formes plus évidentes, dans le sens où aucun phénomène de dérivation ne peut être trouvé entre les deux lexèmes verbaux.
Nous avons également trouvé un autre type de causative lexicale qui n'a pas été présenté dans les sections précédentes. Nous l'incluons dans les causatives lexicales à deux formes car il n'y a aucun procédé de dérivation identifiable ou du moins régulier et productif entre ces différentes formes. Ici, il ne s'agit pas d'une opposition entre verbe intransitif non causatif et verbe transitif causatif. Il s'agit de verbes qui sont tous causatifs, mais qui expriment différentes causations et restent transitifs.
On retrouve les mêmes oppositions entre les formes jënd 'acheter' et jaay 'vendre', entre gis 'voir' et won 'montrer' où la seconde forme est la contrepartie causative de la première. Ce qui ne signifie pas que la première n'a pas un sens causatif. Mais dans ces paires, à la différence de lekk et leel, la seconde forme est un verbe ditransitif, on retrouve l'augmentation de la valence.
En tswana, par exemple, vendre s'obtient par la dérivation de acheter, reka [réká] 'acheter' – rekisa [rékísá] 'vendre', même si la dérivation n'est pas régulière dans le sens où la forme rekisa n'est pas ditransitive. (Creissels, 2001).