B – 3.4. Le sémantisme des causatives à prédicat complexe et des causatives périphrastiques

Dans la présentation typologique des formes de causatives, nous avons indiqué que les causatives à prédicat complexe ne sont pas toujours considérées comme une forme particulière de constructions causatives. De ce fait, nous avons peu d'indications sur le sémantisme de ces constructions. Dans un premier temps, nous traitons les causatives à prédicat complexe comme véhiculant plus ou moins le même sémantisme que les causatives périphrastiques en tax, nous verrons alors dans cette section s'il y a lieu de faire une distinction entre ces constructions, au moins pour le wolof.

D'après les tendances typologiques dégagées dans la section B – 1., nous pouvons tout d'abord poser que les constructions périphrastiques du wolof doivent exprimer une participation indirecte du causateur dans l'événement causé. Lorsque nous avons décrit les différentes constructions possibles avec le lexème verbal tax, nous avons mis en évidence une affinité particulière de ces constructions avec l'Emphatique du sujet. Nous avons alors supposé que les causatives périphrastiques en wolof permettent d'exprimer une causation indirecte et que l'Emphatique du sujet joue le rôle de surenchérissement de la réalité de l'identification du causateur. Le causateur introduit étant peu attendu, moins probable ou éloigné, l'Emphatique du sujet permet ainsi de renforcer la véracité de cette identification. Il nous reste à voir si les causatives périphrastiques s'étendent à d'autres sémantismes.

Trois prédicats peuvent être utilisés en wolof pour construire des causatives périphrastiques : tax 'causer', def 'faire' et bàyyi 'laisser'. Dans la présentation des formes, nous avons indiqué que les causatives en def et bàyyi étaient des causatives moins fréquentes dans la langue. Cette faible utilisation peut s'expliquer par le sens particulier que portent ces constructions. Ce sens vient, d'une part, du lexème verbal utilisé comme marqueur de causation, ainsi les causatives en bàyyi ne peuvent pas être employées sans un contexte spécifique. D'autre part, le sens particulier peut provenir du sémantisme lié à la construction entière, comme dans le cas de def. La différence entre les causatives en def et celles construites avec tax devra donc être définie pour que l'on puisse expliquer son utilisation moins fréquente. Nous avons posé que les causatives en tax correspondent aux causatives périphrastiques les plus productives, elles doivent donc correspondre aux causatives périphrastiques qui montrent le champ sémantique le plus large, nous commençons par elles en y incluant les causatives à prédicat complexe.