B – 2. Conclusion

Dans la section précédente, l'étude d'un amalgame possible de différents suffixes de dérivation qui seraient à l'origine des marqueurs causatifs nous a permis de mettre en évidence que le flou sémantique supposé entre les rôles causataire vs. instrument et comitatif est à la base de ces amalgames. Dans cette conclusion, même si les suppositions faites dans la section précédente ne se vérifient pas dans l'avenir, nous voulons revenir sur le syncrétisme causatif/applicatif d'un point de vue typologique, mais également pour les marqueurs –e et –al du wolof.

En plus du syncrétisme pour le suffixe –e, il est possible, d'après la formation des morphèmes causatifs en –lV(V), d'identifer un syncrétisme causatif/applicatif pour la forme –al. Cette interprétation des données du wolof reste cohérente par rapport aux éléments présentés dans la section précédente si l'on considère que la marque –al de l'applicatif a permis de développer des marqueurs causatifs à deux agents, même si synchroniquement ce syncrétisme n'est plus visible puisque ces amalgames sont à l'heure actuelle figés. Pour ce qui est du syncrétisme pour les dérivations causative et applicative actuelles en –al, nous n'avons pas de preuves suffisantes pour appuyer une telle conclusion. Sur un plan plus général, l'étude du wolof montre qu'une recherche sémantique et morphologique sur le comportement des comitatifs, instrumentaux et bénéficiaires permettrait sans doute de mieux comprendre les origines possibles des différents marqueurs causatifs.

Dans le chapitre suivant, nous revenons à l'analyse des suffixes de dérivation. Jusqu'à présent, nous avons abordé différentes dérivations qui, selon les modifications qu'elles entraînent, ont été analysées sous différents termes de voix. Nous avons ainsi dégagé les différentes fonctions de la voix moyenne du wolof marquée par le suffixe –u (chapitre 3). Nous avons distingué les différentes structures propositionnelles et les sémantismes que véhiculent les suffixes causatifs –e, –al, –lu, –le et –loo (chapitre 4). Enfin, dans le chapitre 6, nous avons décrit les rôles sémantiques affectés par les dérivations applicatives –e et –al et montré en quoi ces dérivations doivent être considérées comme canoniques ou non canoniques selon le rôle sémantique qu'elles affectent.

Dans le chapitre suivant, nous décrivons les modifications de différents suffixes. Ces dérivations sont rassemblées sous le terme de co-participation qui n'est pas à proprement parlé un terme de voix, mais il n'existe pas à notre connaissance de terme qui puisse être appliqué sans poser plus de problèmes terminologiques. En effet, nous allons voir, d'une part que les suffixes –andoo, –ante, –oo et –e peuvent être selon les langues rattachés à différents types de voix, mais d'autre part que les caractéristiques morphologiques de ces dérivations et le sémantisme que chacune d'elles véhicule permettent de supposer que ces dérivations sont liées.