B – 1. Le passif d'adversité

En japonais, la dérivation passive s'effectue à l'aide du suffixe –(r)are. En plus de ces emplois traditionnels, ce morphème peut également s'appliquer sur des bases intransitives. Dans ce cas, comme en wolof, il s'agit de verbes non accusatifs. Ces constructions sont parfois décrites comme des passives d'adversité et sont, selon les auteurs, différenciées de l'emploi canonique du passif. Dans ces constructions, l'ancien sujet prend la fonction grammaticale de datif, et un nouvel argument est inséré en position sujet. Ce nouveau sujet, à la différence du wolof, n'est pas toujours le possesseur de l'argument datif (575b. et 576).

  • japonais (propositions a. Nishio (CP) et propositions b. Martin (1959 : 400-401))
‘573 a. X-ga watasi-no hon-o tor-ta.
X-NOM moi-GÉN livre-ACC prendre-PASSÉ
X a pris mon livre.

b. Watakushi-wa hón-o tor-are-máshi-ta.
moi-TOP livre-ACC. prendre-PASS-POLI-PASSÉ
I had my book taken.’ ‘574 a. Kyonen torani-no musume-san otosan-ga sin-ta.
année.dernière voisin-GÉN fille-POLI père-NOM ê.mort-PASSÉ
L'année dernière, le père de la voisine est mort.

b. Torani-no musume-san kyónen otosan-ni shin-are-máshi-ta.
voisin-GÉN fille-POLI année.dernière père-DAT ê.mort-PASS-POLI-PASSÉ
The girl next the door had her father die (suffered the death of her father) last year.’
  • japonais (Gunji, 1987 : 63, 64)
‘575 a. Susan-ga saibansyo-ni muzai-wo iiwastas-are-ta.
susan-NOM court-DAT not.guilty-ACC sentence-PASS-PAST
Susan was acquitted by the court.

b. Tomio-wa Susan-ni keimusyo-ni ik-are-zunisun-da.
tomio-TOP susan-DAT jail-to go-PASS-do.without-PAST
Tomio was not adversely affected by Susan's going to jail.’ ‘576 Susan-wa Noami-ni nak-are-ta.
susan-TOP noami-DAT cry-PASS-PAST
Susan was adversely affected by Noami's crying.’

Comme dans certaines CPE, l'argument sujet est affecté par le procès dénoté par le prédicat (cf. (564b.) de l'oluta popoluca). Ce procès dans le passif d'adversité, comme dans la dérivation possessive du wolof, est à rattacher au second argument. Autrement dit, en (576), ce n'est pas le sujet Susan qui pleure, elle est seulement affectée par l'action de Noami qui est sur le plan référentiel le véritable pleureur. Ainsi, même si la modification due au morphème du passif est en partie respectée (ancien sujet en position de datif), l'insertion d'un nouveau sujet ne peut pas s'expliquer comme promotion d'un autre argument du verbe, et au moins dans certain cas son insertion se justifie par une relation de type possessif avec l'ancien sujet.