Le second point abordé concerne des constructions qui mettent en jeu une double dérivation applicative-passive. Dans l'exemple 577 du tswana, on voit que sans marqueur explicite le sujet boramoshwe et l'oblique mesima entretiennent une relation possesseur/possédé.
Les transformations de la construction du verbe liées à cette double dérivation, lorsqu'elles s'appliquent sur des bases intransitives, peuvent être décrites de la façon suivante : la construction de cette proposition débute par une dérivation applicative qui augmente la valence du prédicat(578a. 578b.).
SN(1) VSN(1) V-appl. SN(2),
‘578 a. Mesima e timetse.Ensuite, l'application de la dérivation passive réorganise les arguments, faisant passer en position de sujet l'objet dont la présence a été validées par l'applicatif (b. c.).
SN(1) V-appl. SN(2)SN(2) V-appl.-passif. OBL(1)
‘ b. Mesima e timeletse boramoshwe.Bien que dans cet exemple (578b.), le rapport de possession soit identique à celui que l'on retrouve dans les constructions en –le du wolof, cette valeur n'est pas liée intrinsèquement aux constructions, elle semble plus un effet de sens dû à la situation et au sémantisme verbal.
Il est intéressant de noter qu'en peul, langue appartenant à la branche Nord du groupe ouest-atlantique comme le wolof 69 , le cumul applicatif-passif est attesté, mais nous ignorons si une interprétation possessive est possible ou non.
‘580 a. o addanii kam ndiyam. (Sylla)De ces différentes constructions on peut retenir que, comme dans les constructions possessives du wolof, la double dérivation permet au sujet de n'être ni l'agent qui réalise l'action décrite, ni le patient de l'action dénotée, mais un participant que l'on peut caractériser comme un bénéficiaire/détrimentaire, là où dans la proposition wolof le sujet est un possesseur. Cependant, on peut relever que, même si certaines propositions à double dérivation permettent dans certaines de ces langues une interprétation de possession entre le sujet et l'objet, cette relation, qui est systématique dans les propositions du wolof, n'est qu'un effet de sens possible dans la double dérivation applicative-passive ou dans le passif d'adversité du japonais.
cf. figure 1.