1.3.2. Les pratiques de gestion du temps en entreprise

De plus, une vision séquentielle et compartimentée de l'entreprise empêche la prise de décisions stratégiques adaptées à l'environnement, tant interne qu’externe. Les phrases témoins extraites des diagnostics que nous avons conduits, relatives à la gestion du temps soulignent cette dérive entre temps stratégique à long terme et pratique quotidienne. Cela est principalement vrai en ce qui concerne :

Nous pouvons constater ici que l’ensemble du personnel possède la même perception, et que les acteurs s’accordent sur les difficultés à respecter la planification. Celle-ci est souvent remise en cause par des commandes urgentes de clients et par une mauvaise anticipation de l’approvisionnement en matières premières et en emballages nécessaires pour assurer le programme initialement prévu. La planification et la programmation des activités sont jugées difficiles à réaliser. Chacun souligne ses difficultés à gérer les priorités et les imprévus et dénonce le manque de cohérence dans la programmation des fabrications au vu des commandes à honorer et des stocks de produits disponibles.

La volonté stratégique d’offrir un service plus adapté au client notamment en acceptant des délais très courts conduit rapidement en interne à des désorganisations flagrantes. Le client-roi est souvent invoqué pour justifier les déprogrammations et la planification faite dans l’urgence. S’il est vrai que la politique commerciale de réponse aux clients est claire, l’incapacité des responsables à gérer des plannings est plutôt symptomatique de l’absence d’actes concrets de gestion du temps et de réflexes d’anticipation.

En effet, un minimum de rigueur et de planification (les actions ne sont pas repérées dans le temps ou sont concentrées sur certains mois d’hiver, période de forte activité.) ne pourrait-il pas permettre une gestion plus sereine des activités ? Les méthodes de planification, les plannings pourraient être nominatifs et faire apparaître la répartition du personnel sur les lignes de fabrication. La gestion des heures tend à faire oublier que la gestion des effectifs, des rythmes, des récupérations est vitale pour éviter à l’entité de se retrouver avec des périodes de pénurie de main d’œuvre.

D’autre part, le sentiment exprimé par l’encadrement intermédiaire de continuellement travailler dans l’urgence et d’être irremplaçable, car garant de la bonne marche de l’usine, est frappant.

On assiste alors à un double dérapage, dérapage par rapport à la stratégie affichée (satisfaction du client en terme de délais et de qualité) mais également dérapage dans la gestion des hommes et des équipes provoquant différents effets que nous examinerons ci-après.