La définition classique du terme «proactivité » a été introduite en France par Michel Godet. Cet auteur 94 (1991) définit quatre attitudes 95 possibles face à l’avenir :
Les stratégies proactives s’apprécient dès lors comme des stratégies, qui en optimisant et en affectant judicieusement les ressources internes de l’entreprise en fonction de l’environnement externe, permettent de provoquer et de conduire le changement, autrement dit de transformer l’environnement.
Pour l’école du choix stratégique (Harbulot et Baumard 96 (1996)), la notion de proactivité se définit par rapport à une capacité à manipuler l’environnement prenant en compte ses deux volets : interne et externe, pour imprimer un comportement compétitif.
Ce comportement (Dixit 97 , (1988)) se définit comme une alternative au moment de la prise de décision dans laquelle le décideur choisit l’agressivité ou la passivité. En accord avec cette approche, la proactivité est alors comprise comme empreinte d’une donnée agressive. Entendue comme agir pour provoquer le changement souhaité, elle devient l’incarnation d’un acte agressif. Les stratégies proactives sont ainsi assimilées à des stratégies volontaristes et offensives, sinon destructrices. Pour Chalus 98 (2000) «les entreprises que nous pouvons appeler proactives sont des organisations qui conduisent des stratégies de type offensif, voire agressif ». Pour cet auteur, quatre paramètres spécifiques sont à prendre en compte lors de la mise en œuvre de stratégies proactives :
La maîtrise et la combinaison de ces différents éléments permettent d’atteindre un niveau plus ou moins élevé de proactivité.
Pour Lavalette et Niculescu 99 (1999) «la démarche proactive fixe le but à atteindre et le chemin à parcourir. Elle trace une carte spatiale et temporelle détaillée à l’entreprise. La prévision lui permet de s’autorégler pour suivre le chemin tracé. Quant à la prospective, elle n’est recevable que pour mieux identifier les dégâts causés par l’impéritie d’acteurs économiques du passé. Elle ne vivra opérationnellement que le temps de la transition vers la proactivité généralisée. »
Pour ces auteurs, le processus d’élaboration d’une démarche proactive s’articule autour d’un processus de conduite du changement qui comporte les étapes suivantes :
Dans cette optique, la proactivité ne s'oppose pas à la réactivité et à la prévision.
Elle doit être analysée comme un cadre d'évolution et point d'application de la prévision.
A notre avis, ces deux types d’approches comportent des faiblesses que nous mettrons en évidence dans le paragraphe suivant.
Godet M., 1991, De l’anticipation à l’action, Préface de Jean-Louis Beffa, Dunod, 390p
Rappelons ici que l’attitude passive de l’autruche a été introduite dès les années 1970 par Savall H dans ses travaux fondateurs de la socio-économie
Harbulot C et Baumard P, 1996, Intelligence économique et stratégie des entreprises : une nouvelle donne stratégique, Acte du Colloque de la Cinquième Conférence Annuelle de l’Association Internationale du Management Stratégique, 1 Mai 1996
Dixit A., 1988) A general Model of R&D Competition and policy, Rand Journal of Economics pp.317-326
Chalus M.C. (2000) , Dynamisation du dispositif de veille stratégique pour la conduite de stratégies proactives dans les entreprises industrielles, Thèse pour le Doctorat de Sciences de Gestion de l’Université Lumière Lyon II, Octobre 2000, p.136
Lavalette G et Niculescu M. (1999), Les stratégies de croissances , ibib, p312