4.1.2. Processus de construction de la thèse

Après avoir présenté la méthodologie d’intervention retenue, il nous semble nécessaire de faire un point sur le schéma de construction suivi pour structurer et réaliser cette thèse. Pour cela, nous utiliserons la synthèse faite par Baumard 109 (1997) que nous avons enrichie d’un apport sur notre positionnement personnel.

Figure 4.5. : Positionnement Personnel dans le Processus de Construction de la Thèse
Sensibilité épistémologique initiale(1) la réalité est donnée Sensibilité épistémologique initiale (2) la réalité est construite POSITIONNEMENT PERSONNEL
Finalité descriptive Description du vrai monde

Description des perceptions d’une réalité existant en dehors des acteurs (étude de la partie de la réalité perçue des acteurs Lincoln et Guba 110 1985)

La vérité est une correspondance avec les faits ou la réalité (Tarski 111 1944) mais la vérité scientifique ne doit pas être confondue avec la notion de vérité au sens commun (Chalmers, 112 1987)
Recherche du réel directement observable
Description des représentations du monde construction et cognition des acteurs (Lincoln et Guba 9 1985)

Description des processus ayant construit des représentations (idéologie et rationalité, institutionnalisation endogène, Vadlamani 113 1966)
Observation de configurations singulières non reproductibles à l’identique ( Passeron 114 1991)
Description des constructions passées
Description des représentations du monde : diagnostic réalisé à partir de la perception des acteurs et de leurs attentes
Finalité compréhensive Découvertes de régularités (Koenig 115 1993, Glaser et Strauss 116 1967)

Abduction (Blaug 117 1982) puis établissement de conjectures qu’il faut corroborer
Recherche du réel caché
L’examen des régularités passées est de peu d’utilité pour celui qui veut saisir du neuf (Koenig 1993,)
Description des manières de se comporter qui conviennent (Glaserfeld 118 1988)
Construction permanente
Découvertes de régularités (invariants) mais prise en compte des spécificités (contingence générique)
Finalité explicative Révélation d’un ordre caché par l’observation de régularités (Glaser et Strauss13 1967) puis test de l’ordre caché ainsi révélé par comparaison jusqu’à saturation

Donner une explication causale d’un événement signifie déduire un énoncé le décrivant en utilisant comme prémisses de la déduction une ou plusieurs lois universelles et certains énoncés singuliers (Poper 119 1973, ) la théorie est soumise à l’épreuve des tests
Recherche de modèles explicatifs du réel
Poser un problème ancien en termes nouveaux (ex toyotisme Koenig 1993, )
La pertinence de la nouvelle construction explique la défaillance de l’ancienne

Recherche intervention (Moisdon 120 1997), la théorie transforme l’objet au cours de sa construction

Visée de transformation auto-justifiée : adoption de l’énoncé par le terrain

Recherches de constructions efficientes
la théorie transforme l’objet au cours de sa construction
Recherche de modèle explicatif du comportement
Visée de transformation auto-justifiée mais génération de l’énoncé par le terrain en co-production
Finalité prédictive La répétition objective du réel atteste de sa vérité (explication par des tests prédictifs)
Construction intuitive d’un modèle prédictif, puis test de ce modèle (Hannan et Freeman 121 1989)
Test de représentations disponibles dans la littérature falsifiabilité, Popper 1973 )
Recherche de modèles prédictifs du réel
FINALITE DE LA RECHERCHE ET POSITION EPISTEMOLOGIQUE INCONCILIABLES (selon la littérature) CONTINGENCE GENERIQUE

cadre épistémologique admettant la présence de spécificités dans le fonctionnement des organisations mais posant l’existence de régularités et d’invariants qui constituent des règles génériques dotées d’un noyau dur de connaissances présentant une certaine stabilité et une «certaine universalité »

Une façon synthétique de repérer le fil conducteur ayant présidé à la construction de notre thèse nous semble être la mise en perspective avec le schéma précédemmentévoqué sous le titre : processus de construction scientifique. Cette présentation juxtaposée permet de lire le parallèle existant entre les différents éléments.

Figure 4.6. : Processus de construction de la thèse
Figure 4.6. : Processus de construction de la thèse

Nous présentons ici, en parallèle, la chronologie de notre recherche :

Figure 4.7. : Chronologie de la recherche
Figure 4.7. : Chronologie de la recherche

Notre recherche se fonde sur les expérimentations socio-économiques réalisées au sein d’entreprises. Les hypothèses se construisent par l’alternance de démarches logico-déductives et de démarches empirico-déductives (processus de recyclage et de validation). La place importante détenue, dans notre recherche, par les matériaux expérimentaux nous engage à présenter de façon détaillée le processus d’intervention mis en place dans ces organisations.

Notes
109.

Baumard P, 1997,Constructivisme et processus de recherche : l’émergence d’une posture épistémologique chez le chercheur, op.cit

110.

Lincoln, Y.S. et Guba, E., 1985 Naturalistic Enquiry, Beverly Hills, CA : SAGE

111.

Tarski, A., 1944, The semantic Conception of Truth, Philosophy and Phenomenological Research, 4, pp. 341-375

112.

Chalmers A.F., 1987, Qu’est ce que la science ? ; Paris : La Découverte

113.

Vadlamani .B., 1996, The paradox of isomorphism : towards a theory of endogenous institutional change, Academy of Management Annual meeting at Cincinnati OMT session

114.

Passeron J.C., 1991, Le raisonnement sociologique. L’espace non-Poppérien du raisonnement naturel, Paris Nathan Essais et Recherches

115.

Koenig G., 1993, Production de la connaissance et constitution des pratiques organisationnelles, Revue de Gestion des Ressources Humaines

116.

Glaser B.E. et Strauss A.L., 1967, The discovery of Grounded Theory : Strategies for Qualitative Research, New York : Aldine de Gruyter

117.

Blaug, M, 1982, La méthodologie économique, Paris Economica

118.

Glaserfeld (Von) 1998, Introduction à un constructivisme radical in Watzlawick P.(Ed), Introduction au constructivisme Paris Seuil

119.

Popper K.R. ,1973, La logique de la découverte scientifique, Paris Fayot

120.

Moisdon J.C., (Ed), 1997, Du mode d’existence des outils de gestion , Paris, Seli Arslan

121.

Hannan M.T. et Freeman J., (1989), Organizational Ecology, Harvard University Press