4.2.3. Métaphores et données terrain : un mode possible de production de connaissance

Nous pensons qu’il est possible de produire de la création de connaissances en associant des données de terrain et des métaphores théoriques. Afin de faciliter la compréhension, nous donnerons ici une définition simplifiée de la métaphore, considérée comme un transfert d’idée ou de concept d’un domaine source à un domaine cible ¹³⁶ . Nous tenons à préciser que, pour nous, les métaphores ne constituent pas en elles-mêmes une validation scientifique et théorique. Comme le rappelle Getz ¹³⁷ (1994), l'apport de la métaphore comme outil d'une meilleure connaissance de l'organisation ne serait que partiel. En effet, considérée comme outil rhétorique, la métaphore n’apporte pas d’informations discriminantes. Pour Bouilloud ¹³⁸ (1994) par exemple, «quels que soient les efforts qui ont été entrepris pour remonter la filiation militaire de la stratégie d'entreprise, force est de constater que la liaison entre ces deux courants tient plus de la métaphore anecdotique que de la véritable généalogie. »

Le reproche majeur fait à l’emploi de métaphores en sciences de gestion consiste à dire que les propositions avancées par les modèles métaphoriques ou analogiques ne sont pas testables de façon empirique (approche positiviste).

Il nous semble cependant possible de concevoir le processus de production de connaissances comme un croisement d'éléments théoriques provenant de métaphores et de tests empiriques de ces mêmes éléments, sur le terrain, par le biais de recherche-intervention. La construction d’un modèle théorique à partir des métaphores ne peut se faire, à notre avis, qu’en intégrant des données terrains qui viennent valider les concepts transférés. Il nous semble judicieux de ne pas faire reposer la construction d’un modèle de gestion uniquement sur des métaphores, ce qui l’affaiblirait d’un point de vue théorique, puisque non testable. Au contraire, l’élaboration du modèle doit se faire de façon itérative, multipliant les échanges entre le théorique (les métaphores) et les données terrains (test empirique). La construction d’un modèle théorique «en chambre », avec ou sans métaphore, se heurte toujours irrémédiablement au test du terrain. Notre proposition de construction de modèles métaphoriques peut être schématisée comme suit :

On assiste alors à l’émergence d’une nouvelle problématique. En effet, on peut se demander avec Burrell et Morgan ¹³⁹ (1979), si la réalité sociale est une construction cognitive qui n’existe pas en dehors des noms qu’on lui donne pour la décrire ou si cette réalité est extérieure, indépendante des individus qui l’analysent.

Avant de poursuivre, nous souhaitons mettre en lumière les relations existant entre le langage et la production de connaissances.