Dans un premier temps, nous définirons ce qu’est une métaphore et nous repositionnerons cette forme rhétorique par rapport aux autres modes d’expression.
En rhétorique, la métaphore est une figure de style appartenant à la famille des tropes : un trope étant lui-même une figure par laquelle une expression ou un mot est détourné de son sens propre. D’après Burke 158 (1969), les tropes se partagent en quatre catégories :
En cherchant à définir plus avant ce qu’est une métaphore, nous trouvons plusieurs interprétations :
La métaphore est souvent jugée comme étant, par nature, générale et peu formalisée (Le Roy 167 (1999)), bien que certains auteurs réfutent le concept de transfert imprécis (Berger-Douce 2000 168 ).Cette notion d’imprécision trouve sa source dans les comparaisons entre les métaphores et les analogies.
La plupart des auteurs tendent en général à ne pas faire de véritable distinction entre la métaphore et l’analogie, la métaphore apparaissant alors comme un transfert analogique.
Il nous semble important de préciser ici que si l’analogie et la métaphore sont deux procédés certes voisins, ils ne sont pas identiques. Une fois de plus, nous ferons un détour par le domaine de la rhétorique pour définir l’analogie. Selon Vuillemin 169 (1967) la théorie aristotélicienne consiste principalement à utiliser, sous le nom d'analogie, un nouveau type de termes, les convenienta ou ambigua, dans le rôle d’intermédiaire entre synonymes et homonymes stricts, rôle imparfaitement tenu jusqu'alors par les «paronymes» d'Aristote. L’analogie devient alors un rapport de ressemblance établi entre deux ou plusieurs choses ou personnes (Berger Douce 170 ).
Dans une forme extrême, l’analogie est présentée comme une équation ou une loi générale, commune à deux domaines distincts, utilisant un langage littéral.
Il existerait donc deux types d’analogies :
Le premier type d’analogie serait plus proche de la métaphore, alors que le second s’en éloigne. Ce dernier est paradoxalement beaucoup mieux accepté puisqu’il fait appel à une formalisation, lui conférant ainsi une justification scientifique (le langage littéral). Il s’agit maintenant de comprendre comment les métaphores peuvent, elles aussi, être utilisées dans des processus de définition de concept.
Burke, K., 1969, A grammar of motives, Berkeley, university of California Press
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Berger Douce S. 2000, Le raisonnement analogique en sciences de gestion, Actes de la journée de recherche de l’IRG sur « Epistémologie et méthodolohie en sciences de gestion », op.cited.