6.1.2. Notion de Kokyu (canaux d'énergie)

En complément du concept de Ki, nous développerons la notion de Kokyu. Si le Ki est synonyme d’énergie, le Kokyu renvoie plutôt à la notion de véhicule, deconductibilité, ce qui transporte l’énergie d’un point à un autre. Il est donc naturel que certains auteurs définissent le Kokyu comme le pouvoir de la respiration (Cauhépé et Kuang ²⁴⁵ (1998)).

En aikido, il existe différentes références au Kokyu :

• Kokyu dosa : méthode pour renverser le partenaire avec le Ki au lieu de la puissance musculaire ;
• Kokyu -ho undo : exercice d’orientation du souffle, réalisé sur un saisi de poignet,
• Kokyu nage : technique permettant de projeter son partenaire par la coordination du corps et de l’esprit ;
• Kokyu ryoku : extension du souffle.

Le Kokyu est donc naturellement relié à la conduction de l’énergie. Il concerne les principaux canaux physiques par lesquels l’énergie circule et dans la sphère des arts martiaux, il est très souvent assimilé à l’eau, au courant, à la fluidité. Le Kokyu est ce qui permet de guider le Ki à l’intérieur du corps et, selon la technique martiale choisie, de concentrer son énergie dans un endroit donné à un instant donné sans pour autant forcer ou perdre son équilibre interne.

La notion de Kokyu s’inscrit dans une vision systémique de l’homme et s’assure que l’ensemble du corps humain est irrigué par les informations et les énergies qui lui sont nécessaires, non seulement pour fonctionner, mais également pour s’épanouir.

L’ensemble des techniques développées par l’aïkido et utilisant le Kokyu comme vecteur a deux buts :

• Le premier que l’on pourrait décrire comme un but utilitaire : se défaire d’un adversaire, neutraliser une attaque. C’est la partie visible et technique, ce que les Japonais nomment «waza» ;
• Le second plus proche d’une finalité interne et cachée : s’assurer que l’énergie interne emprunte des canaux spécifiques et adaptés.

Nous prendrons en compte ces deux aspects et garderons toujours à l’esprit l’importance de cette liaison interne-externe ainsi que l’absence de frontières nettement délimitées entre ces deux domaines. Nous veillerons aussi soigneusement dans la suite de nos travaux, à ne pas confondre absence d’énergie et absence de circulation de l’énergie.