6.1.3. Notion de Ma-ai (distance/espace/temps)

Nous introduirons à présent une troisième notion, celle de Ma-ai qui intègre trois éléments différents :

Pour Protin (1977) 246 , le Ma-ai peut être défini comme la «distance idéale à mettre entre soi et son (ou ses) adversaires de façon à avoir une vision totale des éléments et des circonstances du combat, permettant ainsi de percer la défense de l’adversaire au moindre indice et d’engager sur-le-champ toute action défensive dans les meilleures conditions ». Une perception comparable se retrouve chez Cauhépé et Kuang 247 (1998) qui définissent le Ma-ai comme l’appréciation correcte du temps et de l’espace entre soi-même et le partenaire.

Ce terme réunit deux notions souvent perçues comme mutuellement exclusives. Notre démarche visera à les intégrer toutes deux et à nous assurer qu’elles sont non seulement bien prises en compte mais qu’elles le sont de façon concomitante et non linéaire (prise en compte de l’une puis de l’autre) : la logique linéaire limitant la portée de la technique, voire la rendant inopérante. La vertu principale de l’entraînement dans les arts martiaux est de faire prendre conscience aux pratiquants de cette distance, de cet espace-temps et de les amener à en acquérir la maîtrise. La perfection technique ne s’avère en effet d’aucune utilité si la technique n’est pas portée au moment opportun.

Pour résumer les propos précédents, la notion de Ma-ai peut exprimer :

Nous utiliserons, à partir de maintenant, ce concept comme synonyme de la distance dynamique car cette définition nous semble résumer au mieux les concepts contenu dans cette notion.

Notes
246.

Protin, A., (1977) Aïkido, un art martial, une autre manière d’être, op cited

247.

J-D Cauhépé & A. Kuang, Métamorphose de la violence par l’aïkido de Surikiri, op cited