6.2.1. Le Ki de l'organisation

Il nous semble important de rappeler que, dans les arts martiaux tout comme dans les entreprises, une vision claire de la stratégie adoptée est un élément essentiel, facteur de réussite de cette dernière. Nous pensons effectivement qu’il est indispensable que la stratégie de l’entreprise soit compréhensible et perçue de façon nette par l’ensemble des acteurs de l’entreprise. Une stratégie formalisée mais souple, adaptable aux changements externes et internes, doit être développée pour tenir compte des contraintes mais aussi pour que les objectifs fixés ne soient pas perdus de vue.

Le Ki de l’organisation correspond en premier lieu à cette idée de vision précise du but à atteindre, de la direction à suivre. Le but recherché est de tracer un sentier de croissance permettant à l’entreprise d’assurer à la fois sa pérennité, son développement mais aussi sa survie à plus court terme ainsi que de respecter une certaines éthique. Ce sentier conduit à la fois au dépassement d’un seuil de survie d’un point de vue économique (seuil de rentabilité) et au dépassement d’un axe, marquant les limites des investissements (seuil de développement) en mettant l’accent sur la création de potentiel essentiellement immatériel garantissant une certaine stabilité des cash-flow dans le futur , amis il permet aussi de prendre en compte le rôle joué pas l’entreprise dans la société

Figure 6.1. : Le comportement socio-économique
Figure 6.1. : Le comportement socio-économique

Une stratégie proactive cherchera donc à propulser l’organisation le long de ce sentier en s’assurant que les différentes sources d’énergie internes et externes à l’organisation sont correctement identifiées et judicieusement exploitées.

Le second axe qui permet de définir le Ki de l’organisation s’appuie sur la notion d’intuition, entendue ici dans un sens différent de celui de son acception première. Nous traiterons présentement de la notion d’intuition structurée qui dérive en fait d’une approche heuristique des problèmes organisationnels. Selon Savall et Zardet 248 , l’heuristique «est un processus de production de connaissance par traitement de l’information factuelle, dans une démarche de tâtonnement intelligent où la recherche de solution incorpore pas à pas des règles de découvertes d’information pertinente. »

L’intuition structurée se caractérise par :

  • La réduction du temps de traitement de l’information pertinente,
  • La justesse (adaptation de la décision aux objectifs à atteindre) de la décision prise ;
  • L’effet immédiat et la transposition concrète de la décision prise.

La réduction du temps nécessaire à la prise de décision et la rapidité d’action résultent de la mise en place de réflexes appropriés. L’intuition n’est donc plus le fait du hasard ou de la chance mais bien d’un type de traitement précis et en temps réel des informations reçues. Nos pourrions comparer ce type de fonctionnement à la mémoire musculaire qui active des automatismes face à un stimulus précis. Cette intuition est d’autant plus forte que le système de traitement des informations internes est structuré.

Le dernier point que nous souhaitons aborder dans cette partie concerne la notion d’énergie. Nous pensons que l’énergie de l’organisation émane directement des hommes qui la composent. L’énergie, telle que nous la concevons ici, peut être définie comme le processus qui permet de passer d’un état à un autre (élément de transformation) grâce à une synergie entre les compétences de l’ensemble des acteurs. Nous avons relevé qu’il ne fallait pas confondre manque d’énergie et manque de maîtrise des canaux d’énergie et donc du transfert de cette énergie d’un point à un autre. Nous allons dans une suite logique nous intéresser à ces canaux.

Notes
248.

Savall H et Zardet V., 1995, Ingénierie stratégique du roseau, ibid, p. 498