7.3.2. Définition de la notion de vigilance /veille

La notion de vigilance stratégique se définit comme suit 269 : « surveillance aiguë particulièrement de l’environnement interne et externe de l’organisation, pour en extraire des informations utiles au pilotage stratégique et opérationnel. Ce terme plus actif est préféré par la théorie socio-économique des organisations à celui de veille 270  ».

Cette vigilance a pour fonction d’intégrer des informations et de limiter les champs de distorsions entre les décisions prises et celles mises en œuvre. Elle joue en outre le rôle de filtre en guidant les informations et en veillant plus particulièrement :

  • à la cohérence des actions entre elles
    « Les cahiers des charges 'clients produits finis' ne sont pas en phase avec les cahiers des charges achats, comme par exemple pour les taches de sang. » Entité A - Encadrement
  • à la collecte d’éléments indispensables à l’analyse
    « Au laboratoire, nous n'avons plus le temps de faire des statistiques qualité pour informer la direction sur les blocages des lots ou sur les pics de non conformité » (Entité A - Encadrement)
  • à la prise en compte de l'impact des changements techniques
    « Avant on recevait des poissons en plaques carrées homogènes. Maintenant on reçoit des plaques de différentes formes ce qui nous oblige à constamment changer les réglages » (Entité B - Personnel De Base)
  • au suivi et au pilotage de la clientèle
    « Quand on pose une question, on n'a jamais la réponse dans les délais, ce qui nous empêche de répondre aux clients » (Entité B - Personnel De Base)
  • au développement d’outils efficaces de simulation
    « Nous sommes incapables de répondre à un appel d'offre parce que nous ne faisons pas d'étude de faisabilité. A titre d'exemple, nous nous sommes rendus compte le jour du lancement d'un produit qu'on ne pouvait pas le faire.» ( Groupe - Encadrement).

Comme toute action de pilotage stratégique, la fonction de vigilance tend à disparaître lorsque ses points d’ancrage ne sont pas maîtrisés.

Il s’agit en particulier :

  • d’une gestion du temps chaotique ne permettant pas un suivi régulier,
  • d’une absence d’indicateurs précis,
  • d’un manque de pilotage et de suivi des décisions prises.

La notion de vigilance stratégique repose sur un certain nombre de piliers, qui sont :

  • la connaissance de sa propre technique, premier pas sur la voie de la stratégie.
  • l'adaptation à l'environnement, par le biais d'une tactique conduisant à un résultat positif. (la collecte d'informations et leur classification afin de comprendre comment réagit l'environnement de l'entreprise pour pouvoir l'influencer.)
  • la nécessité de prendre non seulement la bonne décision, mais encore au bon moment et de savoir l'appliquer.
  • la connaissance de la tactique adverse, par l’identification des principaux avantages et des principales faiblesses de ses adversaires.
  • l'effet d'apprentissage : une entreprise qui ne sait pas évoluer et ne sait pas tirer parti de ses réussites mais aussi de ses échecs stagne et n'est plus compétitive.

La combinaison de ces éléments, intégrant à la fois une vision interne et externe de l’entreprise, esquisse la matrice (arrangement ordonné d’un ensemble d’éléments) au sein de laquelle l’entreprise dispose de toutes les options pour développer une stratégie adaptée à ses attentes.

Notes
269.

Savall H. et Zardet V., 1995, Ingénierie stratégique du roseau, ibid. p. 506

270.

La veille étant quant à elle assimilé à une simple collecte d’information qui ne pousse pas au passage à l’acte