Conclusion génerale

Cette thèse nous a permis de traiter la problématique de l’émergence de stratégies proactives dans les organisations. Nous avons rattaché cette problématique à celle des composantes stratégiques et des éléments constitutifs de la proactivité .

Il nous est apparu que si, à la base, la définition classique de la stratégie se propose d’intégrer une dimension d’anticipation des changements environnementaux, surtout externes, elle ne permet pas de dériver les composantes spécifiques d’une stratégie proactive, assurant à la fois un développement dans le court et le long terme.

Nous avons pu relever principalement que la stratégie, telle qu’elle est définie par les auteurs classiques en gestion, se rapproche d’une vision classique inspirée par des penseurs tel qu’Aristote. Dans ce cadre, elle consiste principalement à identifier des objectifs idéaux à atteindre par la mise en œuvre d’un certain nombre d’actions.

Si dès l’apparition de cette définition, il est clair que les notions d’anticipation et d’adaptation à l’environnement externe sont incluses, il n’en reste pas moins qu’elle n’assimile pas les données nécessaires à la mise en place d’une stratégie proactive.

Nous avons donc utilisé un ensemble de concepts actifs afin d’expliquer en quoi consiste une stratégie proactive, en nous inspirant principalement des notions contenues dans les arts martiaux et dans l’acception chinoise de la stratégie.

A ce titre, nous avons étudié le concept d’énergie ainsi que ses différentes manifestations dans les entreprises en insistant principalement sur les canaux qui assurent l’irrigation de l’organisation.

Nous n’avons pas cherché à remettre en cause les concepts dits classiques du management. Par contre, nous avons tenté de les intégrer dans le but de favoriser l’apparition d’une synergie conduisant à la proactivité. C’est donc bien dans un cadre unificateur que nous avons travaillé et proposé notre définition de la proactivité.

Si la notion de proactivité se place effectivement au cœur des approches managériales depuis le début des années 1980, il nous a pourtant fallu souligner qu’elle souffre d’unmanque flagrant de définition. En effet, la proactivité est définie, au mieux de façon négative, par opposition à la passivité, à la réactivité, au pire en intégrant une vision manipulatrice de l’environnement mais aussi des hommes, conférant au stratège un statut d’homme, certes compétent, mais dépourvu de toute éthique.

Nous nous sommes alors intéressés de façon plus précise à la formalisation d’un modèle théorique en sciences de gestion, par le biais de l’utilisation des métaphores dans un processus de définition de concepts managériaux.

Nous avons pu identifier les différents écueils inhérents à cette approche et pensons avoir apporté les justifications suffisantes plaidant en faveur d’un tel processus, après avoir proposé des pistes de réduction des risques qui lui sont attachés.

Nous sommes ainsi parvenus à une définition de la proactivité intégrant à la fois une donnée d’anticipation et une idée d’intégration stratégique fondée sur une adaptation permanente aux changements internes et externes de l’organisation.

Dans le cadre de cette définition, nous avons choisi d’éclairer la mise en œuvre d’une stratégie proactive en nous basant sur les concepts fondamentaux de l’analyse socio-économique. Nous avons surtout cherché à montrer comment ces concepts gagnent à être intégrés les uns aux autres, afin de générer une approche globalisante et structurante de l’organisation et de son environnement.

L’intérêt majeur des variables que nous avons voulu incorporer à notre démonstration (énergie, pilotage, anticipation, intégration) réside dans le fait que bien que s’observant au niveau de chaque acteur, elles sont déterminées par l’interaction entre chacun des acteurs, l’organisation et son environnement.

Il nous semble que la notion de proactivité devrait faire partie des enseignements de gestion en direction des futurs acteurs des organisations, car elle recouvre un large champ d’actions. Cette notion doit permettre à la fois de faire prendre conscience à chaque acteur de sa propre capacité à agir mais aussi de comprendre la logique d’agrégation des actions individuelles, tout en dépassant les discours sur l’état de l’environnement.

Les limites de notre travail se trouvent contenues, selon nous, dans l’ambition qu’il se donne. En effet nous avons traité de très nombreuses notions qui composent le corpus de connaissances des sciences de gestion afin de définir la notion de proactivité. Il conviendra à l’avenir de valider nos propositions par une étude encore plus approfondie de ces variables.

La notion de stratégie proactive n’ayant pas, à notre connaissance fait l’objet d’étude détaillée, nous avons choisi un mode d’approche du problème basé sur l’utilisation de métaphores et sur une étude clinique. La combinaison de ces deux éléments nous a permis de défricher un domaine encore peu exploré. Nous souhaiterions maintenant pouvoir conduire des études et des diagnostics spécifiques à la proactivité dans différentes organisations.

Enfin, certaines limites de ce travail constituent à nos yeux des objectifs de recherche à long terme, que cette première étape n’a pas permis de réaliser. Il s’agit plus particulièrement d’une intégration plus affirmée d’un positionnement épistémologique du concept de proactivité par rapport aux théories de sciences de gestion, principalement à travers une grille de lecture dérivée de l’approche asiatique de la stratégie.

Une deuxième piste consiste à construire et consolider une typologie des pratiques proactives dans les organisations. Enfin, en réponse à la globalisation et à la problématique de la complexité, nous souhaitons nous orienter sur une étude plus poussée des liaisons entre environnement interne et environnement externe des organisations.