Chapitre 2
Caractéristiques du Mozambique et de son système éducatif

2.1 Contexte global

Le Mozambique se situe le long de la côte sud-est de l’Afrique australe. Son territoire couvre 799.380 kilomètres carrés et ses frontières le séparent sur une longueur totale de 4.330 km de l’Afrique du Sud et du Swaziland au sud, du Zimbabwe et du Malawi à l’ouest, de la Tanzanie au nord.

Trois grandes zones partagent ce vaste territoire, la zone Nord, située entre le fleuve Rovuma et le Zambèze; la zone centrale comprise entre le Zambèze et le Save, enfin la zone sud au sud du Save. Pays essentiellement rural, le classement des exploitations agricoles du P.N.U.D.90 indique deux types de propriétés agricoles : les latifundias (grandes exploitations coloniales) et les machambas (90% des exploitations de moins de 3 ha).

Selon le recensement national de la population de 1997, le Mozambique compte une population de 18 millions d’habitants pour une densité moyenne de 20,1 hab/km², répartie de manière hétérogène suivant les provinces: des creux à 5,8 h/km² dans la province de Niassa et un pic à 3.222 hab/km² à Maputo Ville sont observés. La population féminine mozambicaine représente 52% d’un ensemble jeune; 43% de cette population multilingue et multiculturelle sont compris dans le groupe d’âge scolaire 6-24 ans. La langue officielle demeure le portugais bien qu’elle soit parlée comme langue maternelle par une minorité de la population. La majorité de la population parle une ou plus des vingt langues Bantoues différentes. Administrativement, le Mozambique est partagé en 11 provinces (y compris la capitale, Maputo ayant un statut de province) et 128 districts.

La présentation de l’histoire mozambicaine réclame une exégèse minutieuse, on s’en tiendra donc aux principaux traits de l’histoire ancienne et aux éléments les plus saillants de l’histoire contemporaine. Pour des raisons liées aux faits éducatifs, il est essentiel de nous attacher plus précisément à la période précédant la décolonisation et la guerre civile. Le lecteur trouvera dans ce bref tableau les éléments de cohérence du paysage éducatif actuel. Le peuplement de trois grandes zones du territoire correspond à trois « cercles de culture »91. Intéressons nous à la zone sud, objet de notre étude et abandonnons les célèbres Makonde, les Yao-Nyanja, Makwa, Lomwe, Maravii, Swahili, Ngoni du Nord, nous ignorerons les différents groupes Shona, les Eve du centre. Les populations de la partie nord d’Inhambane, terrain de l’étude,  se séparent en deux groupes, les Chopi et les Tonga-Bitonga.

De manière concomitante aux mouvements de population entre les trois zones, le Mozambique a été confronté à la colonisation portugaise. La fin du 15e et le début du 16e siècle constituent l’étape essentielle de l’expansion maritime portugaise: la route du poivre.

L’infant Henri (1394-1460) consacre sa vie à la préparation des grandes expéditions fondées par une volonté d’expansion marchande et de prosélytisme religieux, mais l’esprit scientifique accompagne également ces expéditions92. Le navigateur portugais Pero da Covilha est le premier européen présent au Mozambique, suivi en 1497 par Vasco de Gama dont la flottille fait escale à Inharrime, près d’Inhambane, afin de reconstituer les réserves d’eau. Elle est si bien accueillie que le navigateur baptise cette région Terra de boa gente. Il parvient en 1498 à l’Ile du Mozambique, peuplée par les marchands arabes qui y entreposent pour les réexpédier vers l’Europe l’or de l’empire du Monotapa (aujourd’hui Zimbabwe) et l’ivoire des royaumes Malawi. L’océan indien, avant l’arrivée des Portugais est un océan arabe, tant leur domination maritime y est intense. La consonance arabisante du mot Inhambane, comme celle de la ville de Quelimane plus au nord traduit cette influence arabe. Le port d’Inhambane prospéra jusqu’à devenir au 19ème siècle une position militaire portugaise, elle fut prise par Soshangane en 1834 qui y créa la capitale d’un nouvel empire éphémère, l’empire de Gaza et occupera toute la partie sud du Mozambique. Les historiens affirment que les querelles interafricaines de cet empire de Gaza ont facilité la pénétration européenne jusqu’à travers la signature du traité de 1629 : traité commercial, juridique et politique par lequel s’organise sur une grande ampleur la pénétration portugaise de cet empire du Monomotapa. Le Mozambique sera par ailleurs l’un des pays les plus durement touché par la traite européenne des Noirs vers le Brésil, depuis l’Angola d’abord, le Mozambique ensuite à partir de 1645. On rapporte qu’au début du 19e siècle, dix mille esclaves en partent chaque année pour le Brésil, et sept mille pour

les Mascareignes (îles françaises de l’océan indien). D’autres prétendants aux colonies, les Anglais, revendiquent ensuite contre les Portugais la partie sud du pays. L’arbitrage de la France en 1875 en la personne du maréchal de Mac Mahon, envoyé de Thiers, repoussa nettement vers le sud la frontière entre le Mozambique et la province du Natal. L’avènement des grandes compagnies constitue dans l’histoire du Mozambique de la fin du 19e siècle un élément décisif, ce siècle voit le pays s’installer dans ses frontières actuelles, l’économie et la société prendre la forme qu’elles garderont pendant une bonne partie du 20ème siècle et la colonisation déclencher une série de mouvements de révolte. En effet, le Portugal est pauvre et se trouve engagé dans une « épopée » coloniale, animé par le désir de retrouver un prestige perdu par la perte du Brésil et écrasé par les appétits territoriaux des voisins européens. Mais le Portugal n’a ni les moyens financiers ni politiques de ses ambitions : le Mozambique situé à dix mille kilomètres des premières côtes européennes est neuf fois plus grand que le Portugal. Aussi, la gestion de cette colonie s’organise-t-elle par la création des grandes compagnies (transport, production, mines, sucre) mais n’organise pas pour autant l’amélioration des conditions d’existence des populations colonisées. Au contraire, dans la quasi totalité des communautés africaines, l’introduction de l’économie moderne s’est traduite d’abord par la spoliation et la violence, entraînant les premières révoltes. Les rébellions s’expliquent par le refus de payer l’impôt de paillote, d’effectuer les travaux imposés par la compagnie, d’assurer la construction des routes et de partir travailler dans les mines d’Afrique du Sud.

Le chemin vers l’indépendance est lié à l’Organisation des Nations Unies : après la seconde guerre mondiale, la création de l’O.N.U. dont la Charte prévoit la décolonisation nourrit l’espoir des mouvements indépendantistes africains. Plusieurs associations militantes naissent alors. Ces courants réclament au Mozambique une représentation au Conseil législatif mis en place par les Portugais. Si le Portugal n’a pu adhérer qu’en 1955 à l’O.N.U., c’est que ses colonies tombent sous le coup de l’article 73 de la Charte93 des Nations Unies. En 1960, une résolution spéciale de l’Assemblée Générale demande l’indépendance des colonies portugaises. Le Portugal sera condamné par le Conseil de Sécurité en 1963, malgré le soutien de plusieurs Etats occidentaux. Dès 1964, le début de la lutte armée commence avec le F.R.E.L.I.M.O. (Front de Libération du Mozambique). La guérilla s’étend dans le nord en utilisant des méthodes ayant fait leurs preuves en Algérie, en Chine et le feront au Viêt-Nam : petits groupes de combattants se dispersant aussitôt leur mission accomplie, embuscades de patrouilles portugaises, sabotages de ponts et de stations électriques, raids sur de petits postes administratifs. La population renseigne les guérilleros sur les mouvements des troupes portugaises, elle les héberge et les nourrit, et en retour et au fur et à mesure de sa progression, le F.R.E.L.I.M.O. s’efforce de créer des écoles et des dispensaires, mais ceux-ci sont, en nombre, anecdotiques . 

A l’occasion du Congrès de 1968, le F.R.E.L.I.M.O. se proclame front anti-impérialiste chargé d’établir le pouvoir populaire dans une révolution démocratique nationale.  Premier pas vers le socialisme scientifique94, le Mozambique se trouve pris dans la sphère d’influence soviétique. L’alphabétisation des masses doit être un objectif prioritaire. L’émancipation des femmes est proclamée avec force à cette occasion. La mort tragique du héros révolutionnaire E. Mondlane en 1969, victime d’un attentat, attise alors la fièvre de la décolonisation.

Le gouvernement portugais Caetano, pour enrayer la montée du nationalisme jugé séditieux, transforme timidement en 1972 le statut de l’Angola et du Mozambique. Ceux-ci deviennent des Etats à l’intérieur de la nation portugaise. Ils sont dotés d’une Assemblée législative désignée par un collège restreint dont ne peuvent faire partie que quelques africains très privilégiés, chefs assimilés. Le coup de grâce est donné à la politique coloniale le 25 avril 1974 alors que le mouvement des forces armées prend le pouvoir à Lisbonne. Très vite, les nouveaux dirigeants issus de la révolution des OEillets, officiers désenchantés par ces guerres africaines ingagnables et influencés par la doctrine révolutionnaire de leurs adversaires, décident de poser la question de l’indépendance des territoires africains. L’accord de Lusaka est négocié le 7.09.1974, suivi par les troubles menés par les membres du groupe Fico (je reste) portugais.

Le gouvernement F.R.E.L.I.M.O. veut créer une véritable nation mozambicaine, l’unité nationale doit devenir une réalité du Royuma au Maputo, les deux fleuves marquant la frontière du nord et du sud du pays. Outre une dénonciation du régionalisme et du tribalisme, l’objectif de l’alphabétisation et de la santé pour tous devient prioritaire : «‘une armée nouvelle est mise en place, non pas une armée de casernes, mais une armée qui étudie, produit et combat’ », le bon militant du F.R.E.L.I.M.O. sera «‘l’homme nouveau mozambicain’».

La période séparant la mise en place du nouveau gouvernement de la proclamation de l’indépendance devient alors très critique. Cette dernière est proclamée le 25.06.1975. Le drapeau mozambicain (la houe et la mitraillette) est hissé, la Constitution de la «République Populaire du Mozambique» est adoptée, le premier discours présidentiel de Samora Machel donne le ton : »‘nous sommes engagés dans une révolution dont le progrès dépend de la création d’un homme nouveau avec une mentalité nouvelle’», le 24 Juillet 1975, Machel annonce la nationalisation des terres, de l’éducation et de la santé, les trois stations de radio sont supprimées et remplacées par une radio d’état nationale en septembre.

Le passage définitif au marxisme-léninisme se fait à travers le troisième congrès du parti unique en 1977. Le parti renforce son implantation à l’intérieur du pays par l’engagement d’une campagne de recrutement très active. Partout, des cellules sont créées, ayant pour mission le prêche révolutionnaire. L’organisation de la femme mozambicaine95 devra lutter contre les institutions et coutumes traditionnelles, les rites d’initiation, la polygamie. L’Organisation des jeunes Mozambicains96 se voit confier une campagne de grande envergure contre les vols et les habitudes bourgeoises.

La propagande officielle crée un personnage à la fois ridicule et dangereux, Xixonhoca, incarnant tous les maux, à l’opposé de l’homme nouveau. Afin de mieux contrôler le pays, le F.R.E.L.I.M.O. met en place aux niveaux districtal et provincial des assemblées élues. Pour remplacer la première Assemblée populaire, une consultation est organisée à l’échelon national. Les candidats sont proposés par des groupes «dynamisateurs». Le vote a d’abord lieu au niveau des localités sur la place publique. La population est invitée à récuser les réactionnaires, les candidats ayant collaboré avec le Portugal, les bourgeois et les personnes pratiquant un culte. Les chefs traditionnels sont écartés. Le troisième congrès décide d’intensifier la campagne d’alphabétisation et de développer l’enseignement technique. D’après les sources gouvernementales, le nombre d’enfants scolarisés passera de 700 000 en 1974 à 1 400 000 en 1981 et le taux d’analphabétisme descendra de 95% à 75% en 5 ans97. L’enseignement religieux est interdit, celui du marxisme devient matière obligatoire dans les écoles publiques. Les tribunaux populaires jugent sans code, mais « sur la base du bon sens et de l’équité».

Cependant, l’ère du soupçon rencontre un obstacle fameux et terrible : la naissance de la résistance armée. Une nouvelle organisation d’opposition née en Rhodésie, dont les cadres sont formés par des colons portugais du Mouvement National de Résistance, est baptisée R.E.N.A.M.O.98 en 1981. Lorsque la Rhodésie devient indépendante grâce à l’aide de Machel, la R.E.N.A.M.O. est sommée de plier armes et bagages. L’Afrique du Sud prend alors le relais du soutien politique et militaire. Les provinces de Gaza, Maputo et Inhambane sont gagnées par la guerre civile à partir de 1982. Malgré l’accord de N’Komati signé en 1984, pacte de non-agression et de bon voisinage entre les deux formations politiques, les combats continuent et s’intensifient. L’impossible cohabitation de deux formations politiques et le monolithisme de la pensée est visible jusqu’au domaine de la création. Il n’est qu’à lire la douce ironie de Mia Couto99 confirmée par les analyses de Laban 100. En substance, ce dernier indique que la période de décolonisation, et la suite de l’indépendance particulièrement, ont été caractérisées par une poésie « lyrique et autocensurée». Le « pessimisme contestataire » ne s’est installé que tardivement, à travers l’oeuvre du poète Baptista, s’en prenant à «‘l’univers monolithique des voix qui moralisent nos coutumes’». La fermeture fut pourtant relative. Decraene101 indique que dès l’indépendance, la non-discrimination à l’égard des blancs fut érigée en principe : les coopérants soviétiques et est-allemands furent à partir de ce moment omniprésents au sein des diverses activités et un traité d’amitié et de coopération fut signé pour 20 ans avec le bloc de l’est. Priorité fut donnée à l’éducation ainsi qu’à l’agriculture par la création de coopératives. La politique gouvernementale ne sera d’ailleurs jamais hostile aux capitaux privés étrangers. Mais la création de « groupes  dynamisateurs » demeure la mesure la plus énergique entreprise par le F.R.E.L.I.M.O. dès le gouvernement de transition. Ces groupes, constitués par les militants les plus actifs, et soutenant les directives du parti, sont organisés en diverses sections : organisation et mobilisation, organisation des femmes, information et propagande, éducation et culture, santé et hygiène, problèmes sociaux, transport, production et commerce, secrétariat, administration et trésorerie. Les groupes bénéficient d’une autorité que ni l’Etat ni le F.R.E.L.I.M.O. n’ont, ce dernier manquant encore d’enracinement dans la population. Les groupes sont l’unique instrument de liaison entre les dirigeants du parti et le peuple, ils sont en fait la courroie de transmission des directives du parti au pouvoir.  Les écoles, nationalisées un mois après l’indépendance, voient leurs programmes scolaires refondus. Pour la première fois, les étudiants mozambicains vont pouvoir étudier l’histoire et la géographie de leur pays. La nouvelle école va faciliter l’apprentissage de la langue portugaise à partir d’auteurs mozambicains. A travers l’étude de l’histoire du F.R.E.L.I.M.O., appelée étude politique, les étudiants mozambicains vont prendre connaissance de l’évolution de leur lutte de libération, nouveauté pour les élèves du sud ne connaissant que la version portugaise de l’Histoire. La résistance du corps enseignant ne se fait pas attendre; elle est plutôt contre la conception scientiste et rationaliste du monde, que contre l’orientation anti-coloniale de l’enseignement102. Par ailleurs, « ‘la lutte contre la polygamie soutenue par le F.R.E.L.I.M.O. au nom de l’émancipation et de la dignité de la femme s’est heurtée à un faisceau de raisons économiques fondamentales touchant au fonctionnement des rapports sociaux de production. Il n’était pas possible d’éliminer par décret la polygamie sans remplacer les fonctions qu’elle occupait. Le président libérateur  Machel affirme lors du discours d’ouverture de l’école du parti F.R.E.L.I.M.O.103 que « le village communautaire constitue la colonne vertébrale du développement des forces productives à la campagne. C’est dans le village communautaire que nous joignons l’effort collectif à la production des masses paysannes, par la vie collective le peuple organisé libère son immense initiative créatrice. Politiquement, et cela constitue la caractéristique essentielle du village communautaire, il est l’instrument de la matérialisation du pouvoir des travailleurs au niveau des institutions administratives, des structures de défense, de production, de commerce, d’éducation, de culture, de santé, bref, de tous les secteurs de la vie sociale.’ » Mais Lamy et al. indiquent104 que ‘« les résultats des services de santé et d’éducation, s’ils ne correspondent pas suffisamment aux attentes des populations, étaient relativement positifs, même si cela a pu entraîner d’autres problèmes. Ainsi, de nombreux jeunes, ayant terminé l’école primaire, ne pouvaient continuer leurs études faute de place dans le secondaire, ils se sentaient désaxés dans leur village (les contenus des programmes d’éducation n’ayant pas été substantiellement transformés et adaptés aux besoins de ces jeunes paysans) et fuyaient vers les villes ou à l’étranger »’. Le taux d’analphabétisme immédiatement après l’indépendance atteignait le pourcentage inquiétant de 90% : ‘« l’éducation coloniale visait surtout à former les enfants des colons, seuls à avoir accès aux niveaux supérieurs de l’éducation. Pour les Portugais, l’éducation prétendait libérer «les indigènes de leur dégradant état primitif en remplaçant leur culture traditionnelle et rudimentaire par celle, plus vaste, de la métropole »’ 105. Soulignons qu’en 1974, le système scolaire colonial touchait un demi-million d’élèves, pour une population totale qui voisinait les 10 millions d’habitants. En 1964, un décret abolit les écoles pour blancs et les écoles pour noirs et en 1970, sur 444 996 noirs scolarisés, 439 979 fréquentaient l’école primaire, sur 614 étudiants inscrits à l’université en 1966-67, seuls neuf étaient noirs » indique Ferreira-Rosa.

Au sein des centres pilotes, comme étaient appelés les centres éducatifs du F.R.E.L.I.M.O., chaque élève consacrait quelques heures par semaine à la production agricole et artisanale, à l’alphabétisation des adultes et à l’entraînement militaire.

L’entraînement militaire forcé, avec des enfants soldats enlevés par les forces d’Etat et envoyés à des milliers de kilomètres ont été opposés à l’affreuse politique de destruction perpétrée par la R.E.N.A.M.O, entraînant minage, pillage et désolation encore affichés aujourd’hui dans les zones que la guerre a privé pour de longues années de tout développement économique.

Selon la classification internationale de l’I.D.H106, le Mozambique demeure un pays au bas taux de développement humain malgré un relatif rattrapage économique depuis les accords de 1992. Après l’accalmie des conflits, le temps de la reconstruction apporta son lot de financements internationaux. Deblé107 révèle que les années 1990 ont vu rien moins que vingt huit organisations non-gouvernementales intervenant dans le seul domaine de l’éducation. Les prêts de la Banque Mondiale, de la Banque africaine de Développement constituent la principale armature de restructuration du système éducatif mozambicain, à laquelle se sont ajoutés les soutiens de l’ex R.D.A et de l’ex-U.R.S.S. Les coûts de fonctionnement de l’éducation ont été pourvus à hauteur de 56,8% par la seule aide d’urgence. Le reste du fonctionnement sera comblé par l’aide internationale au développement. Ainsi, le Mozambique se présente comme un Etat largement tributaire de l’aide internationale. Le système éducatif porte de manière durable les stigmates de cette histoire agitée.

2.2 Un système éducatif en construction

L’Indépendance conquise, le Mozambique a hérité d’un système éducatif altéré par de sérieuses distorsions. La montée du mouvement de libération dans les colonies portugaises et les mouvements anti-coloniaux internationaux dans les années 60 et 70 ont forcé les autorités coloniales portugaises à changer quelques-uns des traits du système éducatif colonial. Néanmoins, face à un taux moyen d’analphabétisme élevé à l’Indépendance, la Constitution laïque de la République du Mozambique établit l’éducation comme un droit. La traduction du droit en condition d’égal accès aux différents types et niveaux d’éducation pour tous les citoyens autorise d’autres entités que l’Etat, y compris la communauté, le secteur privé, et la société civile en général, à participer au développement de l’éducation. On assiste ainsi à trois mouvements dans l’histoire éducative récente du Mozambique.

Notes
90.

Programme des Nations Unies pour le Développement

91.

DIAS (A.-J),  Le Mozambique, ethnologie générale, Paris, Gallimard, Encyclopédie de la Pléïade, 1972, p.923 et suiv.

92.

JOUANNEAU (D.),  Le Mozambique , Paris, Karthala, 1995

93.

« Chaque Etat membre doit donner des informations sur ses territoires non autonomes et un comité de suivi est créé »

94.

à la différence d’un « socialisme spécifique », africanisé, comme le précise M’BOKOLO (E.), L’Afrique au 20 ème siècle, Le continent convoité, Paris, Seuil, 1985, p.370 

95.

O.M.M.

96.

O.J.M.

97.

Le Mozambique s’inspirera de la plus importante campagne d’alphabétisation de l’histoire, la campagne russe de 1917 à 1920.

98.

Résistance Nationale Mozambicaine

99.

COUTO (M.) , Les baleines de Chissico , Paris, Albin Michel, 1996

100.

LABAN (D.), A propos de la poésie et de l’indépendance du Mozambique, Paris, Lusotopie, 1995, p.180

101.

DECRAENE (P.), Onze leçons sur l’Afrique australe ,Paris, Centre des Hautes Etudes sur l’Afrique et l’Asie moderne , Paris, La Documentation Française, 1996, p 115

102.

LAMY(P.), LIMA (M.-C.), VERSCHUUR (C.), Mozambique, 10 ans de solitude , Paris, l’Harmattan, 1986, p.51 et suiv.

103.

MACHEL (S.) «Discurso de abertura a escola de partido FRELIMO », in Noticias, Maputo, 27.10.1975

104.

LAMY(P.), LIMA (M.-C.), VERSCHUUR (C.), Op. cité, p.61

105.

FERREIRA-ROSA (M.), O ponto e o rumo do ensino ultramarino, Porto, ed. Lello 1973 

106.

Indice du Développement Humain, Nations Unies

107.

DEBLE (I.), « Différentiations ou uniformisations ? », in Afrique contemporaine, Crises de l’éducation en Afrique, Paris, la Documentation française, 1994, n°172.