1975/1995 : des premières années d’indépendance aux accords de paix : la massification

Dans les premières années d’indépendance (1975-80), les instructions officielles appellent une croissance massive de l’instruction, conséquence de l’enthousiasme populaire généré par le nouveau régime et de la priorité donnée au secteur de l’éducation par le Gouvernement. Le nombre d’élèves fréquentant les écoles primaires a rapidement doublé au niveau primaire et triplé au niveau secondaire.

En même temps, les campagnes d’alphabétisation touchent plus d’un million et demi d’adultes. Résultat de cet effort, le recensement de la population de 1980 montre un taux d’ analphabétisme de 72.2% pour la population totale âgée de 7 ans ou plus (75% pour la population de 15 ans ou plus), 59% pour les hommes et 84.5% pour les femmes108.

Face au manque de professeurs, à la détérioration de la qualité de l’enseignement et aux difficultés au niveau de l’administration du système, le Ministère de l’Éducation tente de contrôler le phénomène expansionniste de l’enseignement: réorganisation du réseau scolaire, réforme curriculaire, refonte du système éducatif. Tous ces éléments ont abouti à la présentation d’un nouveau Système National d’Éducation (S.N.E.) en 1983. Pourtant, le nombre d’élèves fréquentant le niveau EP1109 reste relativement constant entre 1981 et 1992. L’encadrement reste insuffisant, la moitié des écoles disponibles en 1983 ont été détruites, d’autres ont continué à fonctionner sous un régime restreint.

Les millions d’enfants qui auraient dû bénéficier de l’offre scolaire dans cette période, aujourd’hui adultes, n’ont bénéficié d’aucun établissement à proximité de leur lieu de vie. Plus d’un million de Mozambicains ont été forcés à émigrer dans les régions plus sûres ou à l’étranger, se privant de tout bénéfice de scolarisation. Le véritable renouveau du système scolaire mozambicain survient peu avant les accords de Rome en 1992. Le concept d’éducation de base, ou d’éducation basique110, antienne rajeunie jouissant d’une nouvelle faveur à l’occasion de la ratification de la Déclaration Mondiale sur Éducation pour Tous111 encourage un « ‘droit d’accès aux connaissances et compétences et un processus individuel et collectif de croissance’  ». En 1992, le Ministère de l’Education réunissant les éléments propices à l’établissement d’un plan de développement à long terme de l’éducation basique et introduisant différentes initiatives non étatiques propose de contracter avec une large représentation de la société. Une réforme profonde exigeait,  pour être mise en place, de sensibiliser l’opinion publique générale et les parents en particulier à l’importance de l’éducation basique, à laquelle devait être liée une expansion et une amélioration du système éducatif.

Notes
108.

On se reportera au Plan stratégique de l’éducation , Ministère de l’Education, Maputo, 1995/1999 (Résolution Nº 8/95 du 22 août 1995)

109.

Ecole primaire de niveau 1

110.

Entendre par éducation basique les éléments classiques d’enseignement du premier degré : langue nationale, mathématique, histoire, géographie etc. le concept date de 1949 : UNESCO,  L’éducation de base, description et programme, Paris, UNESCO, 1949

111.

Conférence pour l’éducation pour tous, E.P.T. Jomtien , 1990