Ateliers et chantiers : espaces privés d’apprentissage

Il s’agit d’espaces marchands pour la plupart où chacun vient passer commande, monnayer le produit du travail et où la concurrence s’exerce librement. A la différence des chantiers, le plus souvent dispersés, il existe une certaine permanence de ces lieux d’apprentissage. Fixe et identifiable facilement par les habitants, l’atelier du menuisier, du ferblantier ou du serrurier, à ciel ouvert parfois, est une baraque de planches où coexistent l’espace laboral et l’espace privé familial. On y voit aussi bien la grand-mère, les enfants ou la marchande de légumes égayer de leur présence les raclements de la scie ou les coups du marteau sur le fer. Rien ne semble distinguer à première vue l’échoppe de la maison. C’est pourtant au sein de ce lieu que se jouent pour les apprentis des trajectoires personnelles déterminantes sur le plan identitaire et professionnel. On retrouve ces caractéristiques générales dans quasiment tous les pays à faibles revenus. Charmes et Oudin178 distinguent dans ce paysage indistinct des petits ateliers deux sous systèmes d’apprentissage : le système sahélien et le système côtier. Dans les deux sous-systèmes, le lieu d’apprentissage reste l’atelier ou le chantier, gérés par une seule personne: le patron.

Le chantier concernant principalement les métiers de la construction, ces derniers utilisent également un atelier aux fins d’entrepôt pour les outils davantage que pour les matériaux généralement achetés après le versement d’un acompte. Nous avons vu la nette faveur des espaces non institutionnels, collectifs ou privés. La prédominance des espaces non centralisés est patente dans les situations décrites. Il existe cependant plusieurs modes d’entrée dans ces espaces.

Notes
178.

CHARMES (J.), OUDIN (X.), » Formation sur le tas dans le secteur informel », in Afrique contemporaine, Crises de l’éducation en Afrique, Paris, la Documentation française, n° 172, 1994.