Chapitre 4
Orthodoxie et hétérodoxie des savoirs d’éducation non formelle

En portant un regard épistémologique sur les savoirs scolaires, nous désignons par-là une étude critique des principes, des méthodes et des résultats des savoirs scolaires. Or, les savoirs scolaires nous intéressent davantage que les savoirs universitaires. Nous empruntons à Develay³⁰⁸ pour préciser cette différence. Alors que le savoir universitaire renvoie à la science, comme corps de savoir consensuel éprouvé sur la base de méthodes objectives, le savoir scolaire, lui, est un savoir propositionnel : « ‘il n’est ni savoir pratique, ni savoir totalement théorique, et plutôt de bas niveau taxinomique. Il n’est ni pratique car il ne fait pas systématiquement référence à un usage particulièrement normé, ni théorique parce qu’il n’est pas flexible et adaptable à toute situation »’. 

Si on se plaçait du point de vue de l’orthodoxie scientifique, les savoirs scolaires seraient un galimatias de contenus sans identité propre ni filiation scientifique pure. L’école mozambicaine transmet des savoirs dont la filiation s’opère dans le passage du savoir savant au savoir à enseigner en opérant le détour par les pratiques sociales de référence. Ces pratiques sociales de référence sont plus puissantes en certains endroits et l’on peut se demander si les savoirs enseignés s’inspirent de manière claire au Mozambique d’une pratique de référence socialement acceptée ou bien politiquement dirigée. Le terme de discipline scolaire y est peu employé, on parle de contenu (conteùdo) d’enseignement ou de contenu d’apprentissage de manière indifférenciée et les éléments du programme se déclinent en unités d’apprentissage. Le programme d’enseignement du premier degré³⁰⁹, de la première à la cinquième classe, permet d’observer la structuration des compétences scolaires. Nous passerons en revue rapidement la totalité des savoirs scolaires du niveau primaire qui concerne les élèves jusqu’à l’âge de 12 ans environ. Le niveau secondaire est si peu développé qu’il apparaît illusoire de vouloir s’y attacher.