3) Définition des thèses du travail.

Le développement technologique incorpore le risque et l’incertitude dans la gestion des systèmes experts et des organisations, ce qui engendre des contextes marqués par la présence de nouvelles logiques d’action. L’émergence de nouvelles logiques d’action est la conséquence de l’effondrement des paramètres de rationalité et d’ordre qui sont les fondements du développement des sociétés industrielles et de leur substitution par des nouvelles formes d’individuation et de subjectivation dans les relations sociales. Le point de discussion qui est posé est que les nouvelles logiques doivent être différentes des logiques d’action traditionnelles de la société industrielle. Cette nécessité est imposée par les composantes d’imprévisibilité, d’indétermination et d’incertitude qui sont intrinsèquement associées aux contextes de risque. Le comportement rationnel et stratégique fondé sur des positions standardisées et des relations de pouvoir ne peut rendre compte des nouvelles situations de risque. L’orientation rationnelle et stratégique se voit de plus en plus substitué par des logiques d’action incluant la confiance, les valeurs et les interprétations de la situation, dans l’orientation du comportement des acteurs. Les rapports d’autorité et de hiérarchie doivent aussi être remplacés par des rapports d’influence et de confiance, plus ajustés aux nouveaux contextes marqués par l’incertitude et la contingence.

Mais le développement des logiques d’action qui se constituent comme des réponses adaptées pour faire face au risque n’est pas toujours présent dans les systèmes experts. Ce travail se propose de discuter, dans deux cas concrets, les conditions d’émergence des nouvelles logiques d’action et leur centralité dans le fonctionnement des systèmes experts.

A partir de ces définitions, nous sommes en condition de présenter la thèse que ce travail prétend défendre, et qui peut se résumer dans les points suivants :

Ces thèses seront contrastées par l’analyse de deux systèmes experts spécifiques qui se situent dans des contextes économiques, technologiques et culturels différents. Dans les deux expériences, nous montrerons que l’apprentissage de la gestion du risque et le développement de nouvelles formes d’action sociale est naissant et précaire, et que n’arrivent pas à se constituer des réponses adaptées aux contextes de risque présents dans les systèmes experts.